Dans la première édition du Dictionnaire de L'Académie française (1694) on trouve dans la
définition du mot air : « AIR. s. m. […] Manière, façon. S'il y va de cet air-là. cela est du bel air. […] Air, signifie aussi, Une certaine manière que l'on a dans les
exercices du corps, dans la façon d'agir. Le bel air. le grand air. le bon air. les gens du bel air, du grand air. l'air de la danse. il a l'air de la Cour. l'air du monde. il a l'air de
qualité. il a encore l'air provincial. l'air du collège. En ce sens on dit, Se donner des airs, prendre des airs, de certains airs, pour dire, Affecter de certaines manières. Il ne
se dit qu'en mauvaise part. Air, Se dit aussi de la mine, de la contenance. Je vois bien à votre air que vous avez bien l'air de &c. En ce sens, Avoir l'air grand,
C'est avoir la mine haute. Et Avoir le grand air. C'est vivre à la manière des grands. »
Dans Les entretiens d'Ariste et d'Eugène de Dominique Bouhours (Paris, Cavalier, 1741), on
lit : « Air est tout-à-fait du bel usage. Il a l'air d'un homme de qualité ; il a l'air noble , il a bon air, il a méchant air ; cela a
méchant air, il s'habille, il danse de bon air ; il y a dans tous ses ouvrages un
Dans le Dictionnaire comique, satirique, burlesque, libre et proverbial
(Amsterdam,
Michel Charles Le Cene, 1718), Philibert-Joseph Le Roux écrit :
« Le Bel air. C'est un mot à la mode parmi certaines personnes à Paris, comme précieuses,
Abbés, petits Maîtres & autres personnes ridicules qui mettent leur unique application à estropier le beau langage ; une preuve de cela est qu'on n'a qu'à examiner combien de mots
ridicules sont en usage pour juger que ce ne peut-être l'Académie
Capistron Comed.
Cherchant les Courtisans & le gens du Bel air.
Air voltigeant. C'est une manière de parler dont se servent ordinairement les coquettes ou
précieuses, ou ces ridicules personnes qui cherchent à se distinguer autant par des façons de parler que par des habillements bizarres Elle dit autant qu'un air distingué, des manières de Cour,
& est de qualité, ou plutôt ce qu'on appelle à Paris, les airs, penchés, sots & affectés. [...]
Airs Musqués. Mot à la mode à Paris, pour exprimer la ridicule affectation des manières &
gestes d'une personne : signifie airs affectés, contraints, ridicules.
Gros airs. Airs sots & affectés d'une personne qui veut imiter les personnes de qualité. Le
Sage ah. vraiment j'aime assez ces gros airs.
Airs penchés. Ce sont de ridicules contorsions du corps, des manières sottes. Ces airs penchés
sont ordinaires aux petits maîtres. Ces airs sont par exemple faire le gros, tenir une main dans la veste & l'autre dans la ceinture de la culotte ; avoir le chapeau nonchalamment mis sur le
coin de l'oeil. J'en donnerai un détail plus étendu dans mon Paris Ridicule que je donnerai au Public. »
Voir aussi les articles sur l'air boudeur, l'air de cour et
l'air emprunté.
© Article et photographies LM