Samedi 1er décembre se tiendront les Assises de l'écosocialisme organisées par le parti de gauche. Nous vous conseillons la lecture des contributions sur le site créé pour cet événement.
Dans le texte introductif, Pourquoi des Assises ?, un paragraphe a notamment retenu notre attention :
« Il ne s’agira pas de réintellectualiser un projet déjà largement pensé par de nombreux auteurs, chercheurs et militants mais de discuter avec une partie d’entre eux et d’aller plus loin dans la définition d’un projet écosocialiste en rupture avec le système capitaliste et productiviste actuel, en recherchant la synthèse entre socialisme, république sociale et écologie politique. Dans le contexte de crises multiples et d’urgence écologique que nous connaissons, il s’agit d’un moment important qui visera à approfondir notre analyse de la situation, notre doctrine et son projet. »
Préparer une véritable alternative politique de rupture avec le système capitaliste et productiviste est un objectif qui ne nous laisse pas indifférent et qui nous semble proche de la décroissance.
Les thuriféraires du système capitaliste affirment que la croissance économique profite à tous. A droite, il faut travailler plus pour gagner plus, et à gauche, du côté du courant social-libéral et environnemental, la croissance est par essence vertueuse pour résorber le chômage et réduire les inégalités sociales.
Un large consensus se dégage en faveur du productivisme. Dans l'Union européenne la croissance économique est devenue un enjeu comme à l'époque de l'URSS et de ses satellites où le taux de croissance de la production constituait un enjeu politique majeur pour démontrer à la fois la supériorité du socialisme réel et combien le niveau de vie des soviétiques dépasserait bientôt celui des peuples sous le joug du capitalisme.
Le socialisme réel partageait la même foi aveugle dans le productivisme et d'ailleurs, il portait en lui les mêmes maux, à des degrés divers, en termes de démocratie, d'inégalités sociales et de pollutions environnementales. Au fond, le socialisme réel n'était qu'un capitalisme étatique.
Les défendeurs du productivisme ne manquent jamais une occasion de rappeler que ce système crée des richesses, sans préciser que c'est au détriment de l'Humanité et de l'environnement. Le productivisme engendre à la fois des besoins en ressources naturelles toujours grandissants et la destruction des écosystèmes toujours plus importante dans un monde fini et limité.
Aussi, à moins d'un miracle scientifique et technologique (les croyants comme Allègre pullulent dans les médias dominants), la pénurie en ressources naturelles surviendra tôt ou tard, et le système productiviste connaîtra une crise dont l'importance fera passer les précédentes crises du capitalisme pour d'aimables plaisanteries. Et ce jour-là, ne comptez pas sur les classes dominantes pour partager équitablement les richesses accumulées et produites. En d'autres termes, l'Humanité toute entière, hormis l'oligarchie, subira une sorte d'économie de guerre avec d'importantes restrictions. L'extraction du gaz de schiste révèle probablement d'une part que les ressources fossiles se raréfient et, d'autre part que dans ce contexte le système essaie de perdurer, coûte que coûte malgré les risques environnementaux et sanitaires.
Alors, que faire ?
Jusqu'à présent, toute tentative de démocratiser, de rendre moins injuste socialement et d'adapter écologiquement le système capitalisme s'est révélée soit marginale, soit vaine. Aujourd'hui, la gauche au pouvoir compte sur la croissance économique pour mettre en œuvre les rares mesures de progrès social du programme du candidat Hollande.
Les bolcheviks ont échoué. Et, les sociaux-démocrates échouent eux aussi : le capitalisme repeint en vert avec des reflets rosâtres conserve sa nature inégalitaire et productiviste.
Aussi, l'alternative politique passera inévitablement par la rupture avec le système productiviste.
Il faudra mettre un terme avec la gestion à court terme qui s'accommode d'un laisser-faire général où peu importe les biens et les services produits puisqu'il y a des acheteurs, où peu importe l'utilité de ses biens et ses services si des emplois, même mal rémunérés et usants, sont créés, et, où peu importe la destruction irrémédiable des ressources naturelles s'il y a du profit...
C'est ce système productiviste injuste socialement, non démocratique et irresponsable écologiquement qu'il conviendra de remplacer.