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C'est un psychodrame plus fascinant qu'un fait divers mais qui ne motive pourtant que les commentateurs professionnels. Jour après jour, l'UMP se disloque un peu plus sans que l'on comprenne où cela s'arrêtera.
C'est la Guerre ! s'exclamait la journaliste Ruth Elkrief en ouvrant son édition de 19 heures sur BFM TV.
Il y a plus grave. Non pas cette autre objet d'excitation symbolique nationale, le projet d'aéroport de Notre-Dames-Des-Landes. On avait failli rater l'information le weekend dernier, après le cessez-le-feu à Gaza mais pendant de nouvelles émeutes en Egypte. Puisqu'il fallait calmer l'excitation écologiste - la nôtre - fixée sur cet improbable projet d'aéroport soutenu par la gauche et la droite locale, le gouvernement s'est ouvert à l'organisation d'une conciliation, via la création d'une Commission de dialogue.
Pas sûr que le geste suffise. De toutes façons, l'attention était ailleurs.
Chaque jour, la crise à l'UMP semble dépasser le paroxysme qu'on lui donnait la veille.
Lundi vers 17h30, la Commission nationale des Recours du parti, saisie par Jean-François Copé jeudi dernier pour mieux torpiller la mission Juppé, proclamait Copé vainqueur avec 952 voix d'avance. Ces résultats intégraient les trois départements oubliés la semaine dernière où pourtant François Fillon était annoncé premier. Faut-il que nombre de suffrages aient été récusés pour parvenir à ce énième retournement.... ? A Nice, on évoque 400 voix copéistes et 1300 voix fillonistes supprimées ... Et hop ! La Commission s'en défend: « Après 22 heures de délibération », elle justifie une « analyse, purement juridique », basée sur « les statuts de l'UMP, le règlement intérieur, le guide électoral, mais aussi sur les grands principes du droit électoral, tels qu'ils sont appliqués pour toutes élections, notamment grâce à la présence permanente d'un avocat spécialisé en droit électoral et agréé par les deux parties. » Fichtre... On croirait la Commission d'un Rwanda sarkozyste ravagé par une guerre civile.
Sans attendre, Fillon a dénoncé le coup de force, une élection « illégale » - un coup d'Etat en Sarkofrance. Son fidèle Jérôme Chartier évoque une UMP transformée en Fort Chabrol. Le trésorier Dominique Dord démissionne. Il n'est pas possible de faire confiance à une présidence qui n'est pas légitime. Fichtre...
Et Copé, faussement bon joueur, lui a tendu la main: « Il appartient à chacun en conscience de prendre ses responsabilités et de choisir le pardon plutôt que la division (...), l'avenir plutôt que la rancoeur. »
Cette droite que Benoist Apparu qualifiait de morte après l'échec de la médiation Juppé, a pourtant toutes ses chances de résurrection.
1. Si l'on en croit les sondages, les Français se fichent très largement de l'affaire. D'après l'Ifop pour Le Journal du Dimanche, 40% se déclaraient indifférents, 22% déçus, 21% inquiets, 11% en colère (des fans) et 6% satisfaits. L'indifférence des Français au psychodrame UMPiste est sans doute la grande chance de l'ancien parti sarkozyste.
2. La Droite a déjà connu de pareilles crises, moins ridicules, mais tout aussi violentes. Rappelez-vous l'élection de 1995. La gauche était en miettes mais la droite s'est déchirée entre Balladuriens et Chiraquiens. Un truc horrible qui donna l'affaire Clearstream, l'attentat de Karachi et ses 11 morts, le sarkozysme politique et bien d'autres choses encore. Et elle s'en sortit, dès 2002 puis en 2007.
3. Jean-François Copé sort gravement affaibli mais c'est presque tant mieux. Comment justifie d'un sens de l'Etat ou du rassemblement quand on a pilonné l'adversaire et récusé toute médiation ? Il s'est accroché à son mandat. Il s'est réfugié derrière des statuts, incroyable chose visiblement inviolable même quand les urnes étaient par endroit bourré. Le discours ressemblait aux offices staliniens de l'ex-Europe de l'Est. Quand il s'agissait de se réfugier derrière la sacro-sainte règle fut-elle obsolète. Mais Copé est un épiphénomène politique. Lui seul ou presque croyait en ses chances pour 2017.
4. Partout en Europe, les deux impétrants sont la risée des commentateurs politique. La presse de nos voisins rigole et s'amuse de ces déboires, incrédule. Pour un parti qui réclame à nouveau la conduite des affaires du pays, trois présidents, trois fois le même, en moins de 10 jours, quel éclat !
En France, le sursaut de survie semble gagner un nombre croissant de parlementaires. Quelque 55 d'entre eux ont signé un appel à la raison ce mardi 27 novembre.
5. Nicolas Sarkozy est là, prêt à revenir. C'est la seconde révélation du drame. L'entourage de Nicolas Sarkozy s'est confié au Figaro: personne n'imaginait un retour de l'ancien monarque dans des conditions aussi « précipitées » et « désastreuses ». Mais ce retour était évidemment envisagé. Lundi midi, Sarkozy avait déjeuné avec Fillon. Il lui aurait confié qu'il valait mieux re-voter. Mais lundi soir, les plus sarkozystes applaudissaient à la victoire de Copé.
Sarkozy est encore là, pour 2017.