Une nouvelle forme de rejet dont la survenue augmente de 9 fois le risque de perte du rein, c'est ce que vient d'identifier cette recherche collaborative d'équipes hospitalo-universitaires françaises, menée par le Pr Jouven de l'Hôpital Saint-Louis (AP-HP-Inserm). À terme, un traitement spécifique permettrait de sauver ces greffons. Ces résultats publiés dans l'édition du 23 novembre du Lancet vont même conduire à une modification des critères internationaux de rejet.
L'équipe coordonnée par le Professeur Xavier Jouven du Centre de Recherche Cardiovasculaire de Paris a développé depuis 4 ans une approche innovante en transplantation intégrant des outils mathématiques, immunologiques et histologiques et des compétences en néphrologie, cardiologie et épidémiologie sur de larges cohortes de patients. L'analyse qui a porté sur 2.079 patients transplantés rénaux dont 302 ont présenté un rejet aigu, suivis pendant 6 ans dans 3 centres parisiens, met à jour un profil nouveau de rejet de greffe. Les chercheurs ont identifié 4 types distincts de rejet de transplantation rénale:
- Le rejet cellulaire médié par les lymphocytes T sans vascularite (46%)
- le rejet humoral médié sans vascularite (24%),
- le rejet vasculaire médié par les lymphocytes T (9%),
- le rejetvasculaire médié par les anticorps (21%).
Le risque de perte du greffon s'avère 9 fois plus élevé par rejet vasculaire médié par les anticorps vs que par rejet cellulaire médié par les lymphocytes T sans vascularite, vs un risque multiplié par près de 3 par rejet humoral sans vascularite et aucune augmentation significative par rejet vasculaire médié par les lymphocytes T (RR : 1,5). La reconnaissance de ce phénotype distinct pourrait conduire au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques pour prévenir cette forme de rejet.
Source : Communiqué du Professeur Xavier Jouven Directeur de l'unité INSERM Épidémiologie Cardiovasculaire de Paris et The Lancet Online 23 November 2012 doi:10.1016/S0140-6736(12)61265-3 Antibody-mediated vascular rejection of kidney allografts: a population-based study (Visuel NIH)