Nous venons d'apprendre la mort d'un auteur Almora: Ariane Busset, décédée d'un cancer.
Elle avait publiée "La poignée de riz du Bouddha" chez Almora.
Son livre sur les femmes et les religions chez Accarias-originel est une mine d'informations : "La religion et les femmes."
Un auteur à lire et à relire.
jlr
voici comment elle parlait de sa maladie
"Ayant appris il y a huit semaines que j’avais un cancer du poumon, je tente depuis le mois de février 2009 de vivre « le yoga de la maladie » – qui n’est qu’un cas spécifique du yoga global.
Comme dans tous les yogas, le principal est d’abord d’avoir une attitude lucide : regarder les choses en face, sans laisser intervenir la peur, l’envie de fuir, le mensonge, le désir que la situation soit autre etc…Pas de comparaison avec ce qui pourrait être. Pas de construction d’une réalité parallèle. Comme le dit le Bouddha : la libération consiste simplement à « voir les choses telles qu’elles sont » (sans projection et sans choix). Cette définition n’a pas l’air d’être aussi alléchante que la promesse de marcher sur l’eau ou de se réincarner au 7ème ciel, et pourtant que de merveilles elle recèle !
Ancrée dans cette attitude, que des années de méditation ont fortifiée, transportée d’urgence à l’hôpital, je demande immédiatement au médecin de ne pas prendre de gants avec moi. Après quelques jours d’hésitation, comme je demeure souriante devant des résultats d’analyse de plus en plus « catastrophiques », il finit par comprendre qu’il peut tout me dire et se montre visiblement soulagé, tout en étant assez intrigué. Je pense alors à quel point il doit être pénible aux médecins de devoir annoncer à leur patient des nouvelles « difficiles », alors qu’ils n’ont visiblement reçu aucune préparation psychologique en ce sens et doivent prendre en pleine poitrine la peur, l’inquiétude et la panique de leur interlocuteur.
Tout de suite aussi, je considère que ce qui se passe a un sens : ce n’est pas absurde, même si je ne sais encore ni comment, ni pourquoi. « Ceci étant, cela est » dit encore une fois le Bouddha, résumant l’enchaînement inéluctable des phénomènes. La causalité est irréfutable. Si cette maladie s’est déclarée, c’est normal. Et c’est à moi d’interroger la situation, pour assumer éventuellement mes responsabilités.
Evidemment, mon calme vient surtout du fait que depuis l’âge de 35 ans, « j’ai » l’expérience directe de ma vraie nature (c’est plutôt elle qui m’a !). La peur de la mort m’ayant propulsée vers le Yoga dès mon plus jeune âge, c’est à cette peur que je me suis « attaquée » en premier. Après des années passées à vivre comme une sorte de nonne-yogini (sans famille et sans mari), il m’est apparu clairement un jour que « ce qui est vraiment ne saurait disparaître »…Seuls mon corps et ma personnalité en tant qu’Ariane Buisset sont promis au changement (donc à la destruction qui les modifie seconde par seconde). Mais je suis aussi autre chose.
Dès que j’apprends que « j’ai » un cancer, ma gratitude va vers le maître zen qui avec une grande intuition a testé mon éveil avec la question « que feriez-vous si vous deviez mourir tout de suite ? » La réponse ne pouvait pas passer par les mots, mais devait être démontrée. Je lui signifiai immédiatement que sa question ne se posait pas, dans la mesure où j’étais à la fois déjà morte et par essence en dehors de cette problématique.
Pourtant, si je n’ai pas à m’inquiéter pour mon « être » réel, ce qui me laisse l’esprit tranquille et joyeux, je dois agir sur d’autres plans en m’occupant sérieusement de cette idiote, appelée Ariane Buisset qui s’est mise dans une telle situation (heureusement que le livre « les religions face aux femmes » est fini !) Une fois de plus, je mesure ma chance, même si je l’ai amplement « payée » par des années d’engagement : comme ce doit être horrible d’être confronté, sans certitude aucune, à l’angoisse de la mort, affreux de voir son univers s’effondrer ou d’être inquiet à propos de ses enfants…Je me sens soudain affreusement proche de tous les malades psychologiquement démunis, que je ne peux aider qu’en leur envoyant des pensées affectueuses, sœur de ceux qui, face à des thérapies destructrices, sont incapables de communiquer leur peur et meurent d’inquiétude pour leur entourage (alors que ma souffrance n’est que physique). Que puis-je faire sinon communier avec eux dans mon cœur ? " Ariane Buisset
Le site d'Ariane : http://www.ariane-buisset.com/index.htm
"LA CHARTE DES RELIGIONS EN DIX POINTS
-1- Une religion digne de ce nom doit se fonder en priorité sur l'expérience Spitrituelle et non uniquement sur un livre sacré, des textes, des lois et des rituels.
-2- Une religion digne de ce nom doit s'efforcer de permettre à ses fidèles de reproduire cette Expérience Spirituelle, de leur vivant, dans les plus brefs délais.
-3- Une religion digne de ce nom doit utiliser dans ce but toutes les méthodes possibles : l'action, la dévotion, le rituel, l'étude, la méditation, etc. en tenant compte de la diversité des individus. Si besoin est, elle doit être capable d'inventer de nouvelles méthodes en fonction de l'époque. Elle doit favoriser toutes les formes d'union : entre la religion et la science, entre le corps et l'esprit, entre l'homme et la femme, etc. et promouvoir activement l'égalité et l'amitié entre les sexes.
-4- Une religion digne de ce nom doit posséder des guides "ayant connu" l'Expérience Spirituelle grâce à la méthode qu'ils enseignent. Elle doit rejeter en tant qu'enseignants ceux qui en sont au stade de la "croyance" ou de la recherche, ainsi que ceux qui prétendraient être d'une nature supérieure à celle de leurs élèves, ou simplement "différente".
-5- Une religion digne de ce nom doit pratiquer la tolérance pour n'enseigner que par l'exemple, la compassion et l'intelligence. Elle doit rester libre face à toutes les pressions, face à l'argent et à la politique. Elle ne doit jamais recourir ni à la menace, ni à la force. Elle doit s'abstenir de tout prosélytisme et encourager un choix libre de toute contrainte.
-6- Une religion digne de ce nom doit savoir reconnaître en tout être une aspiration vers l'Ultime Réalité, même si celle-ce est encore inconsciente ou utilise une formulation autre que la sienne.
Elle ne doit condamner personne avec des expressions telles que : "hérétique, infidèle, anathème, apostat, matérialiste, athée, etc."
-7- Une religion digne de ce nom doit percevoir l'Ultime Réalité en tout et considérer toute la création comme sacrée : les peuples, les montagnes, les rivières, les animaux et les plantes. Elle doit traiter la terre et les êtres vivants avec amour et respect en toutes circonstances.
-8- Une religion digne de ce nom doit traduire l'Ultime Réalité avec spontanéité dans la vie quotidienne et ne pas se limiter à des moments, des lieux et des pratiques privilégiées. Elle ne doit pas opposer un domaine faussement profane à un domaine faussement sacré.
-9- Une religion digne de ce nom ne doit pas chercher à se perpétuer en tant que structure, mais brûler de devenir inutile et de disparaître le plus vite possible. Elle doit se garder d'instaurer une institution supplantant le but qu'elle recherche ou l'individu qu'elle guide. Elle ne doit pas dérober à son profit le respect qui est dû seulement à l'Ultime Réalité.
-10- Une religion digne de ce nom doit savoir que le neutralité se trouve à l'origine et à la fin de toute démarche. Restant consciente de ses limites, elle doit reconnaître que l'Expérience Spirituelle ne laisse même plus de place pour la religion. Un jour, tout s'efface, la Lumière se contemple elle-même. Et c'est là le But.
Ariane Buisset