Avec Naomi Watts et Ewan McGregor en tête d’affiche, son sujet mastodonte (le tsunami qui a frappé l’Asie du Sud-Est en 2004), ses effets spéciaux impressionnants, The Impossible fleurait bon le parfait blockbuster américain. Erreur, puisque l’oeuvre est signée Juan Antonio Bayona, le cinéaste espagnol qui nous avait impressionnés avec son Orphelinat, film de fantômes mélancolique. Ici, à nouveau, il distille des thématiques aussi intéressantes que fortes telles l’enfance, la famille, la puissance des liens du sang. D’emblée, on entre au cœur de l’action. En vacances en Thaïlande dans un hôtel de luxe, les cinq membres de cette famille britannique se retrouvent confrontés à une catastrophe naturelle sans précédent: un tsunami s'abat sur le pays. The Impossible suit alors l’histoire vraie de María Belón et de sa famille, piégée au coeur de ce drame poids lourd. C’est parti pour un survival d’une intensité extraordinaire, film d’horreur grandeur nature, éprouvant, viscéral, totalement crédible dans sa reconstitution des faits, génial dans son traitement de l’intime. La première partie, axée sur le personnage de la mère, est clairement la meilleure : Bayona nous kidnappe à l’intérieur même de l’image, on est là, avec la mère, dans l’eau, on souffre, on suffoque, on espère, on angoisse. Une vraie réussite !
Dans The Impossible, on est quelque part entre drame intimiste (l’explosion de la cellule familiale), et film catastrophe (implacable reconstitution d’une terrible catastrophe). Au milieu, tout est là pour un effet d’identification et d’adhésion immédiates : la relation filiale (avec en prime une belle prestation du jeune Tom Holland), la force d’une figure maternelle, le calvaire de gens normaux, le courage, la solidarité, le dépassement de soi, l’instinct de survie. Bayona évite dans un premier temps tout pathos, ne verse pas dans le spectaculaire bête, offre un choc de toute beauté, sublimé par la composition incroyable de Naomi Watts, parsemé d’éclairs poignants (avec une sublime séquence menée par Géraldine Chaplin en guest star de luxe). Puis, le scénario passe le relais au personnage du père. Bayona abandonne alors le point de vue de la mère (le plus intéressant) pour celui du père : le ton change, l’ambiance aussi. Les violons s’immiscent peu à peu, les larmes envahissent l’écran. C’est simple, dès qu’Ewan McGregor apparaît, on plonge la tête la première dans le mélo de base. Ce sera le seul point faible d’un film maîtrisé sur la forme, qui file- in fine- autant de frissons que l'Orphelinat.