Au début des années 80, la droite s'était radicalisée au lendemain de l'élection de François Mitterrand lorsque Madelin, Longuet, Devedjian et quelques autres, souvent issus de l'extrême-droite d'alors (Occident…), sont montés au créneau. Cette fois-ci, la droite s'est radicalisée alors même qu'elle était au pouvoir. D'où, sans doute, la défaite de Nicolas Sarkozy qui n'a pas su récupérer les voix qui s'étaient portées cinq ans plus tôt sur Bayrou.
Aujourd'hui, cette même droite est prise dans un combat suicidaire avec le Front National. Elle ne peut pas s'allier avec lui, au risque de voir ses troupes l'abandonner mais à tenter de le contrer exclusivement en visant sa clientèle, celle des périphéries urbaines, elle choque et abandonne tous ceux, le centre-droit moderne, dynamique, habitant les grandes villes que le centre-gauche, façon Hollande, n'inquiète pas. Inquiète d'autant moins qu'il leur ressemble ou qu'il ressemble à ce qu'ils aimeraient être : conservateur et altruiste, ouvert et traditionnel, bourgeois et sensible, compétent et attentif aux autres, rigoureux et cool (a-t-on remarqué que François Hollande ressemblait terriblement au modèle même du bon manager tel que le décrivent les livres spécialisés?)… Cette bourgeoisie, pas forcément intellectuelle mais en général cultivée et bien insérée dans la mondialisation, ne peut, tant pour des motifs idéologiques que pour des raisons éthiques et économiques (égoistes), accepter les propos sur le pain au chocolat de Coppé. A trop vouloir combattre le Front National, la droite s'est coupée de son électorat naturel. Elle ne s'en remettra pas de sitôt.