C'est juste que deux impressions dominent dans cet article :
-Un curieux Striptease Médiatique, qui confine à un combat dans la boue indécent...
-Un climat comparable à l'extinction des dinosaures au sein de l'UMP.
Cela donne ce titre.
J'explique:
Un étrange striptease:
Certes, on a déjà vu des luttes de pouvoir mais ils ont toujours été plus ou moins feutrés, comme l'affrontement entre
Barre et Giscard de l'UDF pour essayer de revenir au pouvoir, celui de Balladur et Chirac au RPR, la confiscation de l'UMP fondée par Juppé et Chirac au profit de l'ambition présidentielle de
Sarkozy, les petits coups de Bertrand et Copé afin de contrecarrer le clan sarkozyste, leur ralliement forcé, le duel entre Villepin, soutenu par les Chiraquiens et l'ancien
Président...
On a ici eu un premier avant-goût de déchirement sur fond de couverture médiatique, le fameux "crochet de boucher" où Sarkozy
voulait accrocher Villepin, Clairstream dont l'affaire judiciaire n'a toujours rien de très claire, c'est le moins que l'on puisse dire...une indécence pratiquée par le président qui jouait de
son statut de citoyen sans vergognes, appuyé par son pouvoir au plus haut de l’État.
Et puis, nous avons constaté l'utilisation des médias dont Sarkosy a abreuvé sa communication, son omniprésence à la radio, à
la télé, l'indigestion médiatique que nous avons frôlée, qui a été la marque de fabrique de l'Ancien Monarque depuis 10 ans.
Sarkozy est parti, brutalement, au lendemain de sa défaite, laissant le champs libre à des ténors de l'UMP. Ceux-ci semblent
n'avoir pas fait la démarche de se désintoxiquer de ses méthodes brutales:
Les annonces faites avec grand fracas, les phrases choquantes pour créer le buzz, l'agressivité de la campagne
présidentielle, tout cela a continué, sans limites ni garde-fous. Sans aucun droit d'inventaire, se pencher sur les défaites électorales du parti, savoir pourquoi, se réinventer, créer un projet
à opposer au Parti Socialiste au pouvoir. Montrer une autre voie au lieu de critiquer sans arguments solides.
Lorsqu'il fut temps de trouver une personne qui pouvait incarner une nouvelle direction, la campagne se fit en apparence très
policée sur fond de combats internes. On vit un Ciotti, un Estrosi, un Guéant soutenant la "droite molle de Fillon" contre une Dati se disant modérée acquise à la cause de Copé...des trafics
d'influences et non d'idées, afin de se placer avec le gagnant potentiel pour attraper des miettes de pouvoir...
Et il y a eu les accusations de tricherie sur l'élection...
Tout cela montrée au grand jour, sous l'oeil ravi et consterné à la fois des médias qui ont titré: "Chaos à
l'UMP"...
L'extinction des Dinosaures de l'UMP:
Elle a commencé par la création même de ce parti, qui a englobé l'ancien UDF au point de le phagocyter, de le digérer en ne
laissant que peu de place au centrisme de Borloo ou Morin, les plaçant en partis inféodés, avec peu de résultats électoraux.
D'ailleurs, Copé n'a-t-il pas déclaré récemment qu'il était hors de question de laisser se reconstruire l'UDF, forte de la
moitié des votes de droite au meilleur de sa forme?
Ce faisant, le parti s'est transformé en un système pyramidal dont Sarkozy a gravi toutes les marches, en en devenant le
Président et le plus haut personnage de l’État, dans la plus pure tradition stalinienne...un comble, pour ce parti voulant représenter une droite unie...
Tout le gaullisme humaniste, le parti de progrès, s'est évaporé dans ce formidable nettoyage idéologique qui ne laissait
subsister qu'un organe politique tout acquis au pouvoir.
Les ténors de l'UMP sont devenus pareils à des singes, cherchant à récupérer des bananes distribuées par le mâle dominant,
avalant toutes les paroles des proches de celui-ci, se soumettant à sa garde rapprochée...
On a oublié que la politique est d'abord un essai de projet pour l'avenir d'un pays, que les hommes en sont le pilier, pour l'intérêt de la communauté, la nation, le peuple
et non un accès au pouvoir suprême pour l'ambition de quelques-uns...
Sarkozy parti sans avoir fermé les portes et les fenêtres, laissant le parti à l'abandon, les primates se sont transformés en
vélociraptors, cherchant non seulement à dévorer férocement les éléphants du PS, mais aussi à se dévorer entre eux...en proie à toutes les tentations populistes de reprendre des idées
nationalistes en les "décomplexant"...
Nous en sommes à un point tel que beaucoup pensent que les proches de Fillon risquent de constituer un groupe parlementaire
séparé, que Borloo se frotte les
mains en appelant à l'union de toutes les forces démocratiques de la Droite...
Comme si l'UMP s'était engluée dans une réelle préhistoire
idéologique...sous forme de coups de théâtres médiatiques qui tombent sur le parti, telles des comètes sur les derniers dinosaures.
La démocratie en sortira-t-elle vainqueur?
Pour l'instant, le FN a du mal à tirer les marrons du feu de ce psychodrame... L'UDI revendique 6000 nouveaux adhérents. Les
petites erreurs, de la semaine, des socialistes sont passées inaperçues. La perte du triple A n'a soulevé aucune réelle inquiétude.
Les médias sont fascinés par la décomposition de l'UMP...et oublient alors les fameuses "querelles des
éléphants" qui avaient fait les choux-gras des journalistes avant la primaire socialiste de l'an dernier.
Tiens, cette fameuse primaire dont beaucoup à l'UMP se moquaient. Elle n'aurait pas manqué au processus de transparence
démocratique afin de légitimer des élections que 67% des sympathisants voudraient qu'on recommence?
Comme quoi, il vaut mieux être décrits comme des éléphants, en politique. Ce sont des animaux qui sont loin d'être dans une
phase d'extinction dans le paysage politique français. Et un éléphant semble bien plus redoutable, sait au moins se taire et se rallier derrière un projet...et il semble très bien savoir
s'adapter, lui.