En Afrique, taxes et infrastructures réduisent l'impact du mobile sur la croissance

Publié le 26 novembre 2012 par Pnordey @latelier

Si de nombreux emplois ont déjà été créés, et des services sont en train d'apparaître qui contribuent au développement, l'absence de fréquences suffisantes et une mauvaise régulation pourraient étouffer la croissance

La croissance du marché mobile en Afrique n'est plus à démontrer. L'Observatoire de la téléphonie mobile en Afrique de la GSMA* rappelle ainsi que le secteur enregistre un rythme de croissance annuelle de 44% depuis 2000. Aujourd'hui, 475 millions de connexions seraient recensées, contre 12,3 millions de lignes fixes. Mais si cela a un impact socio-économique évident, en favorisant l'accès à de multiples services et en permettant l'émergence de modèles, ce dernier pourrait être limité. Le rapport souligne ainsi que dans des pays comme le Nigéria, 9,4 millions d'emplois ont été créés grâce à la téléphonie mobile. Et que dans l'absolu, le secteur pourrait générer 14,9 millions de nouveaux emplois dans les six marchés clés de l'Afrique subsaharienne, entre 2015 et 2020. Mais cela, seulement si le secteur bénéficie d'allocations de spectre suffisantes et d'une régulation transparente.

Allouer de nouvelles fréquences

En effet, alors que les pays dits matures allouent en général plus de 500 MHz, la moyenne en Afrique n'est que de 80 MHz. Et ce, même si plus de 16,5 milliards de dollars ont été investis ces cinq dernières années dans les cinq marchés clés de la région. Résultat : avec l'augmentation des connexions, une congestion des réseaux est à prévoir. La solution, selon la GSMA, est de libérer de nouvelles fréquences. Sans trop rentrer dans les détails, le rapport évoque la bande des 2,6 GHz, la bande du Dividende numérique (700-800 MHz). Il souligne aussi la nécessité de libéraliser l es accords de licence existants pour permettre le déploiement des réseaux UMTS et LTE (900-1800 MHz). Pour la GSMA, cela, en plus des emplois, pourrait avoir un impact sur le PIB, avec une augmentation de 40 milliards de dollars d'ici à 2016. Le rapport revient également sur la nécessité de réduire le niveau de taxations gouvernementales, parmi les plus élevés du monde.

Gouvernements et opérateurs de concert

Il souligne aussi avec inquiétude l'apparition progressive de nouvelles taxes comme celle, au Kenya, d'un prélèvement de 10% sur les services de transfert d'argent. "Il est impératif que les gouvernements travaillent en partenariat avec les opérateurs pour permettre au secteur de prospérer dans la région, et au final offrir des options abordables pour connecter ses citoyens", souligne dans le communiqué Tom Phillips, responsables des affaires gouvernementales et des questions de réglementation à la GSMA. De fait, pour rappel, la majorité des connexions Internet sont issues de mobiles. Pour les chiffres, au Zimbabwe et au Nigéria, avec une moyenne de 58% des connexions, le réseau mobile achemine plus de la moitié de l'ensemble du trafic. Au niveau mondial, le pourcentage s'établit plutôt au niveau des 10%. Reste à savoir si ce rapport aura un impact. Récemment, PwC soulignait en effet les mêmes freins, et il n'est pas le seul non plus.

*Observatoire réalisé avec le cabinet Deloitte