Cette étude de l'Université de Californie (San Francisco) associe la capacité d'attention au moment présent et la longueur des télomères, en d'autres termes, le manque d'attention ou la propension à avoir l'esprit ailleurs et le vieillissement. Un vagabondage de plus en plus fréquent de l'esprit serait donc un marqueur de longévité, selon ces conclusions publiées dans l'édition du 15 novembre de la revue Clinical Psychological Science.
Les télomères, des sortes de bouchons d'ADN, protègent les extrémités des chromosomes et les empêchent de se détériorer ou de fusionner avec des chromosomes voisins. Les télomères raccourcissent avec l'âge et en réponse à des facteurs de stress psychologiques et physiologiques. Une longueur réduite des télomères a déjà été associée avec la maladie et la mortalité.
De précédentes études ont suggéré qu'un esprit vagabond traduit une tristesse ou une déprime alors qu'un esprit présent dans le moment évoque plutôt le bien-être. D'autres études ont suggéré un lien entre la longueur des télomères et certains types de stress et de dépression. Cette étude de l'UCSF a regardé l'association entre la longueur des télomères, un biomarqueur du vieillissement cellulaire, avec la propension à vivre dans le moment présent ou à laisser son esprit vagabonder, chez 239 femmes âgées de 50 à 65 ans, en bonne santé. Dans cette étude, être dans le moment présent signifiait se concentrer sur la situation en cours, avoir l'esprit qui vagabonde évoquait une propension à penser à autre chose ou à « être ailleurs ».
Les participantes qui se déclarent comme ayant l'esprit vagabond ont en effet des télomères plus courts que les participantes qui se décrivent comme vivant à l'instant présent, ou capables d'une grande attention et d'un engagement fort dans leurs activités quotidiennes. Ces dernières ont des télomères plus longs, même après ajustement avec le niveau de stress.
On sait que la méditation peut favoriser l'attention au moment présent, la compassion et l'acceptation, et entraîner certains bénéfices pour la santé. Des études ont justement montré que la pratique de la méditation est associée à une activité accrue de l'enzyme télomérase, responsable de la protection et de la réparation des télomères. Les résultats de l'étude confirment ainsi que vivre le présent pourrait favoriser la santé, avec un effet mesurable au niveau cellulaire.
Les chercheurs ne concluent pas sur le sens de la relation : Est-ce l'errance de l'esprit qui conduit à raccourcir les télomères ou est-ce l'inverse, ou encore, un troisième facteur pourrait-il contribuer à ces 2 effets associés. Vivre le moment présent permettrait-il d'améliorer la santé cellulaire et de retarder le vieillissement ? Un certain nombre de théories suggèrent qu'un meilleur contrôle attentionnel conduit à moins réprimer les émotions négatives, à interpréter les émotions d'une manière plus constructive, ce que les psychologues appellent la réévaluation positive, un mode de pensée associé à une bonne santé.
Le Pr Elissa Epel, professeur de psychiatrie et auteur principal de l'étude, qui ajoute : «Notre état attentionnel se révèle être une fenêtre fascinante sur notre bien-être. Ainsi, dans cette expérience, les personnes les plus impliquées dans leurs activités du moment ont tendance à avoir des télomères plus longs » est en train de développer une série d'interventions pour développer une « présence attentive » et va vérifier dans quelle mesure cela impactera la longueur des télomères.
Source: Clinical Psychological Science doi: 10.1177/2167702612460234 November 15, 2012 Wandering Minds and Aging Cells via UCSF Wandering Minds Associated With Aging Cells
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