Beigbeder, l'ex-pubard dans toute sa splendeur
Il est loin le temps où, jeune collégienne puis lycéenne boutonneuse et rougissante, je ne craquais que pour des garçons BCBG.
Si t'avais pas ta paire de Weston (ou Paraboot), ton sweat Chevignon, ta chemise Façonnable, ta canadienne, ou ton Teddy, t'avais beau être sympa (et drôle et intelligent) il n'y avait aucune chance pour que je mette ma langue dans ta bouche. J'étais déjà une petite snob narcissique et futile.
Pour Pierre-Emmanuel, "C'est trop coooool le voilier à la Baule"
Je crois que le statut social que ces oripeaux reflétaient me rassurait. Dans ce monde là, les garçons étaient forcément bien élevés, les familles, unies, et la vie, confortable. Je n'étais pas tout à fait dupe non plus, puisque beaucoup de jeunes pubères s'habillaient comme ça bien que venant d'un milieu plutôt simple, mais au moins l'intention y était.
J'avais bien des copains pas BCBG, des cools sportifs ou geeks, fumeurs de pétards, qui écoutaient du Thiéfaine, les Béruriers noirs, ou Bob Marley (c'est d'ailleurs avec eux que je me marrais le plus), mais les relations restaient platoniques.
Et puis j'ai grandi. Et changé (Biactol ne fait plus partie de ma routine beauté, et je ne rougis plus dès qu'un joli garçon m'adresse la parole. Quoique).
Et aujourd'hui j'aime les publicitaires (surtout les créatifs parce qu'ils sont trop créatifs, tu vois. LOOOOL). (Et Ryan Gosling, aussi).
Les publicitaires, comme les banquiers, ne sont pas très populaires en général et sont souvent réduits à quelques clichés (l'argent, la fête, la coke, l'arrogance) (Beigbeder, quoi). Il n'y a pas de fumée sans feu comme disait Yakari, mais c'est un peu réducteur.
Moi ce que j'aime chez eux, c'est (attention, ça devient profond) qu'ils font la synthèse des deux catégories antinomiques de mon adolescence (et me permettent ainsi de réparer mon petit coeur écartelé d'alors) : ce sont des ex-cools embourgeoisés ou des bourges décoincés, avec qui on peut rigoler (quand ils ne parlent pas de leur dernière campagne pour Justin Bridou) (Règle fondamentale : ne jamais poser de questions sur ses campagnes à un publicitaire).
Le publicitaire est en effet un peu rock et un peu élégant en même temps (les baskets, tee-shirts et chemises sont soigneusement choisis, la coupe, un savant coiffé décoiffé).
Avec toute la thune qu'il gagne, il peut s'acheter des beaux trucs, et quand il n'en gagne pas, il a du style quand même. Bah oui, merde un créatif dans la pub qui ne fait pas attention à l'image et à la forme, c'est suspect (et puis de toute façon y a tellement de nanas bonnes dans les agences qu'à moins d'être curé, tu fais un minimum attention à ta mise).
En vrai, le publicitaire est un grand sensible
Là, il est en pleine séance de travail
Et puis comme je ne suis pas que superficielle et snob (re-quoique), je me dois quand même d'ajouter qu'ils sont aussi souvent cultivés et intéressants, avec des hobbies artistiques (donc autres que la bataille navale ou le sudoku, c'est normal ils sont CRE-A-TIFS) (Parfois d'ailleurs le publicitaire est un peu frustré que ses talents artistiques ne s'expriment que sous forme de hobby et ça le rend un peu chonchon).
Non non, tout ceci n'est pas du tout cliché.
Demain, nous aborderons un sujet autrement plus fondamental : le publicitaire vieillit-il bien ?
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PS 1. Ce post est le fruit d'une étude sociologique et anthropologique très poussée. Je vis en effet avec un de leurs spécimens ! J'ai fait don de mon corps à la science, en quelque sorte.
PS 2. Mais pourquoi ont-ils fait à Jean Dujardin la coiffure de Bruno Delhomme (et les mêmes lunettes, aussi) ?