Les Palestiniens manquent d’eau potable

Publié le 26 novembre 2012 par Cmasson
Territoires palestiniens Début de la mission : 2002 Equipe: 43 personnes Détail de la mission

"Au septième jour de l’offensive israélienne, les Palestiniens de la bande de Gaza commençaient à manquer des produits de première nécessité dont ils ont besoin pour survivre et notamment d’aliments et d’eau potable."

Un article de Ghada Snunu d'EWASH (groupe de plaidoyer en eau, assainissement et hygiène dont ACF est membre).

Au septième jour de l’offensive israélienne, les Palestiniens de la bande de Gaza commençaient à manquer des produits de première nécessité dont ils ont besoin pour survivre, notamment d’aliments et d’eau potable. Craignant pour leur sécurité en raison des frappes aériennes, les particuliers vendant de l’eau dessalée ont cessé d’en vendre.

Le 18 novembre, une frappe aérienne israélienne a complètement détruit un camion de distribution d’eau à Beit Lahia, au nord de la bande de Gaza, et tué son conducteur Suhail Hamada et son fils.

« Il me reste des stocks d’eau potable et de nourriture pour environ deux jours », témoigne Mahmoud Sa’adallah, 32 ans, résidant à Bait Lahia et père de cinq enfants. « Nous n’aurons pas d’autre choix que de boire l’eau municipale qui est trop salée ». Mahmoud ne sait pas comment ses enfants survivront au manque de produits de première nécessité dans les jours qui viennent, si l’offensive se poursuit. « Mon frère et mes voisins qui étaient approvisionnées par le vendeur ont déjà commencé à boire l’eau du robinet ».

La grande majorité des habitants de la bande de Gaza dépend de l’achat d’eau dessalée auprès de vendeurs particuliers, l’eau courante provenant de l’unique source d’eau douce de la bande de Gaza contenant trop de produits chimiques (1).  

Une rupture de l’approvisionnement

Depuis le début de l’offensive, l’approvisionnement en eau a été sérieusement perturbé en raison de la destruction du réseau d’approvisionnement dans différentes régions de la bande de Gaza et l’impossibilité d’utiliser les puits situés dans les régions fréquemment attaquées par l’armée israélienne. Par conséquent, environ 50 000 personnes ont été privées d’eau pendant deux jours. Un réservoir d’eau en construction au centre de la bande de Gaza a également été détruit. Le réservoir devait alimenter 150 000 personnes dans la bande de Gaza.
Le transport de carburant nécessaire au fonctionnement des installations d’approvisionnement en eau et d’assainissement lors de coupures de courant a été entravé par la poursuite de l’offensive. L’ingénieur Omar Shatat de la Société des eaux des municipalités côtières (Coastal Municipalities Water Utility (CMWU)) met en garde contre une crise environnementale si l’offensive se poursuit. Il faut s’attendre à des inondations d’eau usées si les équipes d’entretien et le carburant ne parviennent pas jusqu’aux installations de traitement des eaux usées.
Israël, en tant que puissance occupante, a l’obligation de garantir l’accès des Palestiniens à des quantités suffisantes d’eau potable, entre autres produits de première nécessité. En temps de guerre, Israël a également l’obligation de ne pas cibler des installations civiles indispensables à la survie des populations civiles, y compris les installations d’eau. Israël a constamment violé ses obligations au regard du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’Homme. Au cours de la seule journée du 27 décembre 2008, l’opération militaire israélienne « Plomb durci », avait causé des dégâts incalculables aux infrastructures en eau avec la destruction de puits, de réseaux d’approvisionnement et de traitement des eaux, de réservoirs d’eau, de branchements à l’eau et de stations d’épuration. En conséquence, 500 000 habitants de Gaza (un tiers de la population) ont perdu tout accès à l’eau courante potable et 500 000 autres n’ont plus eu accès à l’eau que pendant quelques heures par semaine durant l’offensive (2).

Des infrastructures au bord de l’effondrement

La destruction des infrastructures par Israël a conduit le secteur de l’eau et de l’assainissement, déjà en très mauvais état après des années de blocus, au bord de l’effondrement. La destruction du système de traitement des eaux usées a permis à des quantités massives d’eaux usées de se répandre dans la nappe phréatique déjà menacée par la pollution, les prélèvements excessifs et l’intrusion de l’eau de mer. 90 millions de litres d’eaux usées sont actuellement déversés chaque jour dans la mer, alors que les stations d’épurations fonctionnent au-delà de leurs capacités (3).  90 pourcent de l’aquifère côtier est d’ores et déjà impropre à la consommation et l’on s’attend à ce qu’il soit complètement inutilisable d’ici 2016. Par ailleurs, la situation sera irréversible d’ici 2010 si rien n’est entrepris (4).
L’amélioration de la situation de l’eau à Gaza reste très difficile, étant donné qu’Israël empêche l’entrée des matériaux nécessaires aux projets essentiels dans le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène. Un an s’est écoulé depuis qu’Israël a annoncé un assouplissement du blocus, mais moins d’un cinquième des matériaux requis a été autorisé à rentrer dans la bande de Gaza. A cela s’ajoutent le manque de carburant et les coupures de courant qui affectent le fonctionnement du système de distribution et d’assainissement de l’eau (5).

par Ghada Snunu, EWASH (groupe de plaidoyer en eau, assainissement et hygiène dont ACF est membre) – Gaza

1. EWASH Advocacy Task Force, “Factsheet 3: water quality in the gaze Strip”, 2011.
2. OCHA, “The Humanitarian Monitor: occupied Palestinian territories.” No. 33 January 2009, pp. 8
http://www.ochaopt.org/documents/ocha_opt_humanitarian_monitor_2008_12_1_15_english.pdf
3. EWASH Advocacy Task Force, “Factsheet 3: water quality in the Gaza Strip”, 2011.
4. Office of the United Nations Special Coordinator for the Middle East Peace Process “Gaza in 2020, A liveable place?”, 2012.
5. EWASH Advocacy Task Force, “Down the drain: Israeli restrictions on the WASH sector in the Occupied Palestinian Territory and their impact on vulnerable communities”, 2012.

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