Un paragraphe, un personnage et hop au suivant.
Avec cet exercice de style simple et original, Régis de Sá Moreira attrape le lecteur dans une toile aux nombreuses ramifications. Le style est toujours aussi poétique et entraînant. A chacun sa lecture, tourner les pages jusqu'à la dernière sans s'arrêter ou faire une pause pour mieux y revenir plus tard.
Une galaxie de personnages, tous liés par les facéties du cosmos. Rien de naïf pourtant, l'auteur a su éviter l'écueil des petites fleurs. Pas de donne-moi ta main, nous sommes tous connectés, juste la vie qui va, la vie qui bat.
Un joli souffle, une lecture qui revigore.
Au Diable Vauvert, 119 pages, 2012
Pour vous donner une idée...
« Je suis sorti de chez moi à 8 heures, j'ai marché au lieu de prendre le métro, je me suis marré en croisant un homme qui portait une télé...
Je ne sais pas ce que j'avais de marrant, je portais une télé c'est tout, mais bon allez savoir ce qui passe dans la tête des gens. Cette télé commençait à me peser, j'ai décidé de la poser pour fumer une cigarette. Je n'avais pas de feu alors j'en ai demandé à un homme qui était assis sur un banc...
J'ai cherché mon briquet dans mes poches et je lui ai donné du feu, il a eu l'air content. Je n'avais rien de concret à faire ce matin-là, j'en ai profité pour m'allumer une cigarette moi-même et je me suis mis à la fumer tranquillement. Mon téléphone a sonné, j'ai regardé qui c'était et je n'ai pas répondu...
Ce salaud n'a pas répondu, j'ai hésité à lui laisser un message mais je me suis dit qu'il pouvait aller se faire foutre. Je me suis approchée de la fenêtre et j'ai regardé mes voisins qui prenaient leur petit déjeuner...
Le café était froid, les toasts étaient brûlés, ma femme ne disait rien. Je me suis levé pour faire chauffer de l'eau et je lui ai demandé si elle allait déjeuner chez sa mère...
Je l'ai regardé sans répondre, j'ai soupiré et j'ai dit oui. Ça fait dix ans que je déjeune chez ma mère tous les jeudis...
J'ai décidé d'acheter des betteraves, ma fille adorait les betteraves quand elle était petite. J'ai filé vers le rayon légumes avec mon caddie et j'ai failli renverser un petit vieux sur mon passage...
Je l'ai évitée au dernier moment cette folle. Je ne sais pourquoi son visage m'a rappelé une jeune femme que j'avais connue avant mon mariage. Je me suis aussitôt demandé si elle était morte ou si elle vivait encore...
Je vivais encore. J'habitais à la campagne avec mon chien. Les seules visites que je recevais étaient celles du facteur...
Je l'ai trouvée étendue au milieu de son salon, son chien était en train de lui lécher le visage. J'ai appelé les secours et je suis allé boire un coup chez Nounours pour me remettre...
Mon établissement s'appelle Aux bons amis mais tout le monde dit chez Nounours. Au début ça m'énervait, avec le temps je m'y suis fait. Jusqu'à ma femme qui m'appelle Nounours maintenant... »
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