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Trishna (Michael Winterbottom, 2012)

Par Doorama
Trishna (Michael Winterbottom, 2012) De condition modeste, en faisant la connaissance de Jay, Trishna se voit offrir un travail qui va peut être lui permettre d'accéder à une vie meilleure. Jay et Trishna entament une relation, mais alors que l'embellie se dessine, les différences sociales se font de plus en plus présentes...
Ah, l'Inde... La rédaction en raffole, et elle a bien reconnu ce pouvoir de fascination qu'elle a exercé sur Michael Winterbottom. Trishna propose donc, au rythme indien, son histoire d'amour et d'espoirs, sur fond de classe sociale. Trishna est à l'image du pays dans lequel son action prend place : beau, lancinant et secret, mais aussi contrasté et parfois difficile à appréhender.
Michael Winterbottom, c'est une filmographie plutôt solide mais paradoxalement exempte de sommets. Son cinéma est intéressant,  souvent nourri de thématiques sociales ou psychologiques, souvent intimiste, mais rares sont les moments où il nous emporte complètement. Son Trishna est une parfaite illustration de ce "syndrome Winterbottom" ! Tranquillement, joliment, gentiment et, il faut le souligner, avec pas mal de tact et de pudeur, Trishna nous invite à assister à un amour contrarié entre la modeste et traditionnelle Trishna et le riche et moderne Jay. Le film de Winterbottom traite son sujet de manière discrète, sans abuser des stéréotypes, et grâce à une économie d'explications inutiles, laisse le spectateur libre de comprendre -ou pas- les motivations de ses deux personnages. Le message de Winterbottom est clair : chassez le naturel il revient au galop ! Heureusement, comme devenu intime avec l'Inde, il parvient à raconter le destin de Trishna sans tomber dans la facilité ou le cliché quand à ses personnages. En revanche, visuellement, Trishna n'aura pas la même réserve, et même si ce n'est pas désagréable à l'oeil, le film ressemble à une succession de cartes postales touristiques, plutôt énervantes mais cependant modérées et pas trop emblématiques (on évite le Taj Mahal, c'est déjà pas mal...).
Si Trishna évite les fautes de goût et se dote même d'un regard attentif sur son histoire et ses personnages, il ne parvient pourtant pas à imposer son drame. Si on suit Trishna avec un certain plaisir, le drame qu'il construit est trop longtemps dissimulé, à peine perceptible, et sa concrétisation trop brusque, presque disproportionnée malgré ce qu'il rend enfin visible au spectateur. Gênant  mais pas disqualifiant pour autant, car la véritable richesse de Trishna réside dans ses deux interprètes principaux. Freda Pinto, la "révélation" de Slumdog Millionnaire, est absolument touchante et juste (magnifique aussi !), incarnant à la perfection l'obligation de ne pas se plaindre de sa condition. Quand à Riz Ahmed (que nous avions découvert dans We Are 4 Lions, vu dans le distrayant Centurion et dans l'excellente série Dead Set !) il donne à son personnage toute la discrétion nécessaire pour que le spectateur adopte à son sujet le point de vue de Trishna... Tous deux mettent la distance nécessaire entre leur personnage respectif, et permettent ainsi au spectateur de toucher du doigt, de pressentir avec une grande subtilité, la différence sociale qui les séparent.
Trishna est un film touchant, jamais il n'ennuie mais jamais aussi ne vous implique dans une dynamique. Son rythme un peu "indien" est agréable mais masque les enjeux de son scénario... L'ambiance de l'Inde est fort joliment mise en image, mais donne aussi un coté touristique inutile à Trishna... Son drame est fort, mais cette force restera théorique pour le spectateur qui vibrera finalement peu pour la tragique trajectoire de la belle Freda Pinto... Michael Winterbottom signe avec un Trishna un fort joli film : pas trop énervant, mais un peu quand même... loin d'être raté, mais pas réussi non plus... Bref un bien joli film, mais un peu tiède, qui aurait bénéficié à plein d'un peu plus volonté dans son geste. Un très joli film qui ne dépassera pas le "très joli" : comme son héroïne qui n'arrivera pas à sortir de sa condition et accéder à une vie meilleure, Winterbottom ne pourra lui aussi dépasser le "bien" qui qualifie son film, pour accéder au "très bien" qui aurait pu, aurait dû, le résumer.
Maintenant qu'on a dit tout ça Trishna reste parfaitement fréquentable  ;-)
Trishna (Michael Winterbottom, 2012)

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