illustration source: Toile
"Ils ne sont pas homophobes, mais ils considèrent que les homosexuels sont devenus un peu trop voyants, trop bruyants, en osant réclamer le droit au mariage. Comme s'ils étaient des citoyens de seconde zone.
Ils ne sont pas homophobes, mais ils estiment que leur octroyer ce droit est un privilège. C'est une très vieille ficelle réactionnaire que de faire croire qu'un droit accordé à ceux qui ne l'ont pas va l'enlever à d'autres.
Ils ne sont pas homophobes, mais ils pensent que la vénérable institution du mariage doit être protégée de cette agression. Comme si les homosexuels étaient responsables et coupables du fait qu'un mariage sur deux se termine aujourd'hui par un divorce.
Ils ne sont pas homophobes, mais ils jugent que le mariage n'a pas pour vocation d'offrir un manteau de respectabilité a des amours dissolues. Comme si le code civil avait jamais parlé d'amour. Comme si les amours hétéro se limitaient à la position du missionnaire.
Ils ne sont pas homophobes mais ils jurent que la famille est en danger. Comme si la principale menace n'était pas la précarité sociale, sur laquelle ils restent muets.
Ils ne sont pas homophobes, mais ils croient profondément qu'un enfant a besoin, pour être heureux, d'un papa, d'une maman, d'un labrador et d'un 4X4. Et pas de deux parents (au moins) du même sexe. Comme si des siècles d'hétéro-parentalité avaient éradiqué l'enfance maltraitée des faits divers.
Ils ne sont pas homophobes, mais ils sentent qu'un enfant a besoin, pour se développer, d'un référent masculin et d'un référent féminin. Comme si le vase clos de la cellule parentale suffisait à fabriquer un futur adulte, comme si il n'était pas le produit de toute une société, composée d'hommes et de femmes.
Ils ne sont pas homophobes, mais ils jugent que le mariage homo ouvrira la porte à l'inceste, la polygamie, la zoophilie...Comme si l'amour entre personnes du même sexe était une pathologie, une déviance, une tare menant à l'animalité.
Ils ne sont pas homophobes, mais ils présument qu'ouvrir l'adoption aux couples du même sexe la détournera de sa raison d'être- donner un foyer à un enfant malheureux- par pur égoïsme. Comme si l'adoption aujourd'hui n'établissait pas déjà un droit à l'enfant.
Ils ne sont pas homophobes, mais ils clament que bientôt "on pourra acheter un enfant sur internet" homosexualité et pédophilie même combat, comme le sous-entend le cardinal André Vingt-Trois!
Ils ne sont pas homophobes mais ils refusent de céder comme des moutons de Panurge à la "modernité" bien- pensante dictée depuis Boboland. Comme si l'égalité en droits était une idée du futur.
Ils ne sont pas homophobes mais, quand même, les gays et les lesbiennes ne devraient pas imposer leur "choix de vie" à l'ensemble de la société. Comme si on choisissait d'être homosexuel.
Ils ne sont pas homophobes, mais ils couinent que l'homosexualité a détruit la civilisation grecque, et que le mariage homo signe plus sûrement que le calendrier maya l'extinction de l'humanité.
Ils ne sont pas homophobes -la preuve, leur coiffeur est pédé et ils adorent Stéphane Bern- mais, au plus profond d'eux-mêmes, ils pensent que les homosexuels ne sont pas tout à fait des hommes et des femmes comme les autres."
Ce texte de Christine Lambert et Joseph Macé-Scaron et qui a pour titre: "Ils ne sont pas homophobes, comme ils disent". a été publié dans la page "controverses" du numéro 814 de l'hebdomadaire Marianne