Les Grecs de l’Antiquité ont inventé la démocratie, littéralement le gouvernement par le peuple. Il implique que les citoyens se réunissent en assemblée et se déterminent à la majorité. L’évolution démographique ayant rendu impossible de telles réunions, on est passé à la démocratie représentative où, grâce au suffrage universel, les citoyens élisent des institutions représentatives. Lorsque le processus électoral n’est plus irréprochable, la démocratie s’écroule.
Les exemples de pays où les élections sont truquées, manipulées ou biaisées ne manquent pas. On peut alors y observer l’installation de dictatures ou l’explosion de guerres civiles. Est-ce ce genre de régimes que nous voulons voir émerger en France ? Bien sûr, nous n’en sommes pas encore là. Mais il me semble que nous nous hasardons sur une pente dangereuse. Il en va de la sincérité d’un scrutin comme de la vertu d’une jeune fille : celle-ci ne peut pas être « un peu » vierge.
Il me semble que le responsable du déchirement actuel de l’UMP entre deux chefs potentiels est Nicolas Sarkozy. En 2004 il a été élu Président de l’UMP. Après son élection à la présidence de la République en 2007, on constate que le poste de président de l’UMP a disparu. Dès le 7 juillet 2007, le conseil national de l'UMP réforme les statuts du mouvement et institue une direction collégiale de l'UMP.
On observe ensuite de nombreux mouvements au sein de cette direction, avec tantôt un secrétaire général par intérim, tantôt un triumvirat, tantôt un secrétaire général de plein exercice, comme Patrick Devedjian à partir du 25 septembre 2007 ou comme Xavier Bertrand à partir du 8 décembre 2008. Dans un climat tendu, Jean-François Copé succède à Bertrand le 17 novembre 2010.
Ce qui ressort de toutes ces élections-nominations, c’est que le souci premier de Sarkozy était de conserver la maîtrise de l’UMP, préalable indispensable à une candidature à la présidence. Tout comme, dans le même but, Jacques Chirac avait le 5 décembre 1976 créé le RPR, dont il fut le président, se hissant ainsi au niveau d’un autre président, Valéry Giscard d’Estaing. Dans le même esprit, Jean-Claude Gaudin avait considéré « que, moralement, le président [de l'UMP] reste Nicolas Sarkozy ».
Non, il n’y a rien de moral là-dedans. Le président étant celui de tous les Français et se situant au-dessus de tous les partis, il ne saurait être, comme Sarkozy l’a hélas trop souvent montré, le président d’un de ces partis.
Ne voulant pas de rival à droite, Sarkozy s’est gardé de tout successeur, attisant ainsi les ambitions des prétendants et les menant inexorablement à un affrontement dommageable pour la République.