[radio] Histoire de la photographie / La Fabrique de l’Histoire / France Culture

Par Photogestion @photogestion

Les 12, 13, 14 et 15 novembre 2012, quatre émissions intéressantes :

  • 1/4 Grand témoin, Françoise Huguier, photographe et son invité Christophe Pete, tireur filtreur numérique au Laboratoire Janvier
  • 2/4 Les enquêtes photographiques de la reconstruction.
  • 3/4 Emission d’archives : les sociétés photographiques
  • 4/4 Débat historiographique : faire une histoire des photographies amateurs

Je me suis permis deux contributions que je vous livre ici.

Contribution pour l’émision 1/4

Cher Emmanuel Laurentin, il ne faut pas compter les images sur Flickr en millions mais en milliards! Ce qui caractérise ce que vous appelez justement la dilution de l’image professionnelle c’est la perte d’un monopole historique. Certes il y a beaucoup de souffrance et de nostalgie dans cette crise du métier, mais l’outil nous est désormais offert à tous. Il est inutile de prétendre qu’il transforme chaque citoyen en artiste, c’est un lieu commun, en revanche il est significatif de voir depuis trois ans l’agence photo n°1 mondiale éditer, surveiller et commercialiser tout à fait normalement des photographies issues de cet espace qu’est Flickr. Une immense concurrence est arrivée sur le marché. Il est vrai que les éditeurs puisent abondamment dans ces fonds gigantesques en restant souvent dans la légalité des processus commerciaux et force est de constater qu’une qualité peut émerger. Cette agence, Getty Images, parle de « pépites ».

La nostalgie fait souvent dire des bizarreries :

- Le tireur traditionnel n’a pas toujours eu sa place dans la création des anciens. Certains grands photographes ont à une période de leur vie tiré eux-mêmes leurs images.

- Tous le monde ne possède pas PhotoShop (1000 euros).

- Les tireurs numériques possèdent d’aussi grands talents d’écoute et d’interprétation que les anciens ; Janvier n’est pas l’unique – excellent – acteur parisien, les grands laboratoires se sont reconvertis : Dupon, Picto, etc. De nouveaux ont vu le jour comme Fotodart à Paris. Il est vrai que Publimod n’a pas eu la puissance économique pour effectuer cette reconversion indispensable. Souhaitons longue vie aux salariés qui perpétuent cette technique.

- Il y avait les grands, Jules Steinmetz chez Publimod ou Georges Fèvre chez Picto, tireur de Robert Doisneau et Henri Cartier Bresson, les « tireurs, interpréteurs, accoucheurs » numériques le sont aussi de toutes évidences. De grands noms émergent depuis plusieurs années.

- Quant aux grandes dimensions des tirages numériques, la visite du dernier Paris Photo me fait douter de cela. La galerie Camera Obscura par exemple exposait Marc Riboud, Yamamoto et Sarah Moon dans des formats proches de la carte postale. La réalisation de tirages argentiques de grandes dimensions relevait parfois du tour de force (chez Publimod, à Paris, c’était épique et Michel Auer à Genève devait rincer ces tirages dans le lac Léman !). Les imprimantes numériques ouvrent des perspectives très intéressantes. Conclure que les tirages de grandes dimensions sont souvent des contresens est une affirmation peut-être motivées encore une fois par la nostalgie et le respect pour ce qui était mécaniquement difficile à réaliser. L’histoire de la photographie poursuit sa route avec un enrichissement jamais égalé.

… merci pour cette belle émission.

Daniel Hennemand

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Contribution pour l’émision 4/4

Auriez-vous, cher contributeur virulent une autre adresse de site où l’image serait analysée aussi largement? Même si culturevisuelle.org est légèrement « gouroutisé » par son fondateur, c’est un espace d’expression exceptionnel.

Ce quatrième volet m’a laissé cependant sur ma fin.

1] Nous avons compris que la confrontation professionnels / amateurs existait déjà au 19ème siècle, mais nous ne connaissons pas la « fin de l’histoire » de la photographie professionnelle. André Gunthert nous rappelle justement que la photographie est un bien commun utilisé, approprié « comme du texte » par le commun des mortels. Ce n’est pas d’aujourd’hui, mais n’est-ce pas une déclaration ambigüe. Une manière soit d’annoncer la fin du professionnalisme – et non pas du talent -, soit de ne pas oser y répondre. C’est sûrement de la sagesse.

2] La conclusion de Christian Joschke est en revanche passionnante, de la réappropriation des images et de la confusion grandissante entre auteurs et contemplateurs devenant « par la web attitude » des producteurs. Captation, appropriation, rediffusion, tout le web ici résumé, passionnant!

NB : si nos experts pouvaient arrêter de parler d’Instagram pour faire d’jeun, ça serait top. Cela nous embrouille grave et c’est légèrement démago. La dérive créative des embellissements outranciers ne date pas de cette application; les solarisations d’Alex Kovalef, les déformations début de siècle, David Hamilton et ses lentilles supprimées ou rayées, Sarah Moon avec l’Anscochrome 400 surdéveloppé, HDR, Toycamera, etc.

Merci encore pour toutes ces émissions,

Daniel Hennemand