Ce dernier est un MC anglais impressionnant, qui très probablement n’intéressera pas les amateurs de rap et hip-hop américain, mais tant pis pour eux. En effet, il écrit de très bons textes, qu’il interprète à la perfection, sur des accompagnements excellemment choisis. Son nom de scène est déjà une première instruction, comme pour nous prévenir que le rappeur ne serait qu’un narrateur tout à fait externe à ce qu’il nous conte, avec la brutalité animal de notre ancêtre le plus proche de nous génétiquement.
À ce jour, je ne suis toujours pas spécialement admiratif de l’œuvre de Kode9, voilà pourquoi je ne découvre réellement The Spaceape qu’ici, grâce à cette toute petite mixtape parfaitement ciselée et sur laquelle les prods sont tout aussi discrètes qu’efficaces, permettant à l’artiste de s’exprimer comme s’il était seul sur un ring, sans adversaire ni arbitre, mais avec un public en à deux doigts de l’ébullition face à lui.
Certes, Xorcixm est plutôt un album à écouter chez soi, en comité restreint. Il ne possède rien de festif, ni même d’enlevé. La tonalité est davantage posée, telle un exposé voire une déclaration d’intentions.
Selon les notes accompagnant l’album, les sept titres sont influencés par l’esprit de la musique haïtienne – d’où cette superbe photo servant d’illustration à cet essai musical -, les vibrations sont brutes, chaotiques, percussives et hypnotiques, tandis que le flow de The Spaceape et fluide et lucide alors qu’il nous guide à travers ces courts chapitres. Les morceaux font tous moins de trois minutes, tout ce qui doit y figurer y figure et rien de plus : il n’y a pas de place laissée au moindre superflu.
De même, les paroles sont elles aussi résumées de cette manière : « On the run » traite de la déception émanant de la vie. « Your angel has come » aborde le thème du Créateur. Le sombre, sans musique et spoken word « Spirit of change » relate d’un homme en quête de spiritualité, alors que « Palaces » s’enrage contre un corps qui trahit. « He gave his body over to science » détaille les expérimentations mentales de la médecine, et « The sound » continue sur le thème de notre avenir incertain contrôlé par une vibration inconnue. Enfin, « Up in flames » relate la complaisance de l’homme dans un monde que il n’habite que brièvement.
Un petit quart d’heure percutant, très bien orchestré, qui ouvre une porte sur l’univers d’un artiste à découvrir sans perdre un instant, grâce à ce cadeau à télécharger sur son site officiel, et dont le statut pourrait encore monter prochainement s’il trouve en Kode9 le miroir de ses récits, plutôt qu’il ne donne à ce jour l’impression que c’est lui l’invité de Kode9. Leur troisième collaboration sera leur percée commune ? Peut-être bien…
(in heepro.wordpress.com, le 25/11/2012)