Avec un titre qui me semble aujourd’hui tout à fait prophétique, Jay-Jay Johanson sortait en 2006, et non 2007 comme on le lit presque partout, son sixième album studio en l’espace de dix ans très exactement.
Ainsi, en 2012 donc, son bilan discographique, bien que non étincelant (si l’on considère la renommée dont il jouit, beaucoup trop infime par rapport à tout le talent qu’il semble posséder), est tout simplement quasi-parfait. Il demeure une certaine frustration chez sas admirateurs car il est essentiellement apprécié dans son pays natal et en France, et demeure tout simplement méconnu, si ce n’est inconnu du grand public. Quelle erreur !
Sur chacun de ses albums, le Suédois déploie ses talents de chanteur (indéniablement son premier atout à tel point qu’il pourrait, j’en suis persuadé, considérer la sortie d’un album a cappella sans souci, que ce soit de nouvelles compositions ou de plus anciennes) sur des musiques tantôt électroniques, tantôt plutôt acoustiques. En effet, il balaye merveilleusement bon nombre de genres électroniques (dance, trip-hop, électronica…) ainsi que d’autres plus classiques (bossa-nova, jazz, pop-rock…).
Pour moi, ses premiers albums possédent tous de très bons morceaux, dont certains qui atteignent parfois des sommets. Néanmoins, globalement, je trouve qu’ils ont le défaut d’une qualité : celui d’être trop bien écrits, composés, interprétés et produits. Oui, je sais, c’est un comble ! Mais ils manquent parfois un peu d’extravagance chez Jay-Jay Johanson, tout étant au final très carré musicalement parlant.
Avec The Long Term Physical Effects Are Not Yet Known, ce perfectionnisme atteint pourtant un sommet, dont je ne redescends toujours pas. Et cette fois-ci, on a bel et bien affaire à un bijou, en somme : le chef-d’œuvre de sa carrière à ce jour.
Passer les onze titres (douze avec « Prequiem » en pénultième position) en revue serait un tâche non pas fastidieuse mais qui ne rendrait pas hommage à la beauté de l’ensemble, les chansons s’enchaînant les unes aux autres sans jamais ni nous lasser ni nous laisser coi, bien que toujours submergés par la voix, les paroles et la musique, sublimes à chaque instant.
Pour tricher, je dirai en conclusion que The Long Term Physical Effects Are Not Yet Known possède un énorme défaut : nous abandonner sur un « Peculiar » magnifique, doux, languissant mais jamais triste, qui ne donne dès lors qu’une envie : raviver le feu, encore, pour profiter de cette nuit beaucoup trop belle pour ne pas en profiter, car Jay-Jay Johanson est un véritable condensé de chaleur humaine au milieu d’une obscurité obsédante et dès lors tellement sécurisante.
Un disque à classe juste à côté de Massive Attack, Portishead, Tricky ou encore Goldfrapp. Oui, Jay-Jay Johanson est de cette envergure-là, avec tout le talent et charisme d’un Serge Gainsbourg. C’est encore un secret, mais je ne saurais le garder pour moi seul…
(in heepro.wordpress.com, le 25/11/2012)