Attention, message
important...Une espèce en voie
d'extinction,découverte au XVIIIe
siècleRien ne fait plus fureur aujourd'hui que
la biodiversité.On s'inquiète à juste raison du réchauffement de la
planète,de la fonte des pôles,de la disparition possible des ours
blancs...On oublie d'évoquer le sort de la truite à fourrure.La truite à
fourrureLa truite à fourrure survit dans quelques
rares lacs arctiques,au nord du 72e parallèle.Les
scientifiques considèrent qu'il n'en existe peut-être,pas plus d'une
centaine de spécimens aujourd'huiet que c'est la grande profondeur et la
froideur extrêmedes eaux dans lesquelles vit ce poisson qui l'auraient
conduiteà se couvrir d'une épaisse fourrure.Le premier spécimen connu
fut capturédans les eaux d'un fleuve canadienpar le chevalier Grégoire
de Fronsac,explorateur sous le règne de Louis XV.Conservée par les soins
d'un taxidermiste,cette truite à fourrure fut présentée en Franceau
château de Besque en 1764,où elle souleva d'autant plus les passions que le
philosopheet naturaliste Buffon publiait à la même époque,avec le succès
que l'on sait, son Histoire naturelle(36 volumes parus de 1749 à
1789) :il y établissait un inventaire de toutes les espèces
vivantes,avec une volonté de classification rigoureuse,d'ordonnancement
logique -et la truite à fourrure était une évolutionnaturelle
jusqu'alors inconnue de lui.Un regain
d'intérêt au XXe siècleOn suppose que la truite à
fourrure aurait accidentellementété transférée dans les années 1870 dans la
rivière Arkansascar l'on peut encore y en trouver aujourd'hui.Signalons
qu'elle figure aussi en bonne place,empaillée comme un trophée,au mur
des anciennes fermes de la région des Grands Lacs.Enfin, une publication
officielle duMontana State Fish and Game Departmentlui avait
consacré une première étude en mai 1929,dans la revue Montana Wild
Life.Un article lui est dédié dans le volume 7de la Petrie
Encyclopedia of Zoologie de 1938.Plus tard, vers la fin des années
1960,une truite à fourrure est offerte au Musée royalécossais
d'Édimbourg.Pêché sur le lac Supérieur, au large de Gros Cap,près de
Sault-Sainte-Marie, dans le district d'Algoma,Ontario (États-Unis),ce
spécimen, toujours conservé à Édimbourg,portait un pelage hivernal
blanc.Les
associations de sauvegardeaujourd'huiC'est à la même époque que commencent
às'organiser aux États-Unis,dans l'Ontario mais surtout dans le
Montana,des associations de défense et de sauvegardede ce poisson
exceptionnel déjà en voie d'extinction.Le site actuel de leur
fédération,http://www.furbearingtrout.com
(en anglais),publie non seulement les travaux sur cette espèce raremais
aussi les photos des rares truites à fourrureoccasionnellement
pêchées.La truite à
fourrure entre au MuséumEn 1998, Franz Jullien, du
Muséum d'histoire naturelle de Paris,a la chance de pouvoir naturaliser une
autre truite à fourrure,pêchée à la cuiller sur le lac Nominingue,à deux
cents kilomètres au nord de Montréal (Québec).Ce spécimen est en fourrure
estivale brune.Elle porte pour nom scientifique : Salmo trutta
dermopila J. Croix, 1998.Comme Franz Jullien a été appelé en 2001à
travailler au synopsis du film Le pacte des loups,où l'on
reconstitue le personnage de Grégoire de Fronsac(le fameux découvreur de la
truite à fourrure de 1764),il a prêté le spécimen du Muséum pour le
tournage.En dehors de ce film, si vous souhaitez admirer une truite à
fourrure,vous pouvez toujours vous rendre au Muséum d'histoire naturelle de
Paris.Elle y est souvent exposée,à partir de fin mars et jusqu'au
premier avril,dans la Grande Galerie de
l'Évolution.