Crédit photo: Pelut i Borja / FlickR
L'affaire du Stade de France de samedi soir avec la banderole haineuse envers la population du nord n'était pas anodine. Beaucoup de commentaires se sont succédés sur ce sujet. Malheureusement, ils ont bien souvent été biaisés compte tenu de la teneur du phénomène. Certains commencent à dire que nous en faisons beaucoup sur ce sujet, et je suis d'accord : non seulement nous en faisons trop mais en plus nous le faisons mal.
Cette banderole n'est pas seulement injurieuse envers le nord, mais elle est profondément raciste. Cela s'appelle le racisme social que j'ai déjà développé à plusieurs reprises ici. Cette forme de racisme est parfois difficile à repérer car elle ne s'attaque pas aux différences physiques, mais à des différences sociales. Nous connaissons tous le racisme ethnique qui incite à la haine des personnes de couleur de peau différente, et s'étend sur le terrain de la xénophobie. Nous connaissons le racisme religieux qui cherche à exclure les gens qui ont une pratique religieuse différente ou pas de pratique religieuse d'ailleurs. Mais le racisme social est encore différent de cela puisqu'il touche la condition de vie des gens. Il est transversal par rapport aux autres formes de racisme même si bien souvent elles se côtoient.
Le racisme social s'attaque à des gens qui ont une condition sociale particulière, et qui sont injustement accusés de parasiter la société ; accusation qui rejoint celle des autres formes de racisme. Ce racisme social touche souvent les chômeurs, les handicapés, parfois les retraités. Il trouve ses racines dans une haine de la solidarité et des autres. Le rejet de certaines conditions sociales jugées privilégiées est l'objet d'une agitation politique qui peut toucher, à différents degrés, les chômeurs, les retraités, les fonctionnaires ou les chefs d'entreprise (je donne ici les cas les plus courants). Les gens qui exercent ces métiers sont l'objet de nombreuses caricatures, qui visent à dire que ce sont des profiteurs, mais nous le savons, les profiteurs restent en faible nombre. Bien sûr au delà de ça il existe des considérations politiques d'organisation de la société qui ne tombent pas dans la caricature qui est un catalyseur du racisme social.
L'autre racine de ce racisme est le rejet des situations professionnelles difficiles. Les tenants du racisme social vont inciter à la haine en sortant les qualificatifs de "sous homme", de "consanguinité" afin de justifier leur haine par des considérations biologiques, totalement stupides. La banderole de samedi dernier s'inscrit donc pleinement dans cette catégorie. Le racisme social est dangereux car il se cache mais est toujours présent en profondeur dans la société. Nous devons nous opposer à ce genre de racisme et surtout à ses incitations par des déclarations haineuses.
La banderole mentionnait aussi les pédophiles, prétendre l'existence d'un gène de la pédophilie met aussi de l'huile sur le feu...