Depuis que l’un des principaux chercheurs de la mission Mars Science Laboratory (MSL) John Grotzinger a déclaré à la radio américaine NPR (écouter ou lire l’entretien ici), le 20 novembre dernier, que le rover Curiosity a fait une découverte digne de figurer dans “les livres d’histoire”, internet s’affole. “Cela a l’air vraiment bon” a t’il ajouté. Mais à quoi fait-il allusion ? Est-il question d’une détection de preuve d’une activité biologique passée ou présente sur Mars ?
Pour l’heure “les chercheurs veulent avoir toute confiance dans les résultats avant de les communiquer en dehors de l’équipe scientifique” a expliqué Guy Webster, porte parole du JPL (Jet Propulsion Laboratory). Il est nécessaire de vérifier et clarifier les résultats transmis par SAM (Sample Analysis at Mars). Ce mini et non moins performant laboratoire installé à l’intérieur du rover est capable de déceler l’existence éventuelle de molécules organiques dans les échantillons du sol et d’analyser l’atmosphère. C’est pourquoi la plupart des commentateurs de la petite phrase “lâchée” par Grotzinger pensent que la découverte à un rapport avec les molécules organiques voire la chimie du vivant. Présent pendant plus d’un mois sur le site de “Rocknest” (à l’intérieur du vaste cratère Gale), Curiosity y a effectué cinq prélèvements du sol. Deux ont été analysé avec le spectromètre CheMin (Chemical Mineral) et un avec SAM.
Détecter des molécules organiques ne signifie pas que la vie aie un jour existé — ou existe encore — sur Mars, tempèrent les scientifiques astro/exo-biologistes. Mais elles sont nécessaire pour fabriquer les briques du vivant tels que les acides aminés puis l’ADN, ARN. En observer signifierait que cette première étape vers le vivant a été franchie et que peut-être son développement a été encore plus loin … !
Rappelons que privée de champ magnétique et d’atmosphère depuis des milliards d’années, la surface de la planète rouge est sans cesse bombardée de rayons solaires ultra-violet. Des conditions hostiles au développement de la vie dans l’état actuel des choses. Mais son histoire géologique telle qu’elle est patiemment déchiffrée par les chercheurs révèlent un passé humide et beaucoup plus hospitalier dans sa jeunesse.
Pour en savoir plus il va donc falloir patienter jusqu’à la réunion annuelle de l’AGU (American Geophysical Union) qui se tiendra du 3 au 7 décembre à San Francisco et la présentation par John Grotzinger des données acquises par SAM depuis sa mise en route.
Voir aussi vidéo exclusive d’un entretien avec J. Grotzinger “What did Curiosity find on Mars ?”.
Crédit photo : NASA/JPL-CALTECH.