Tout d’abord, merci à Rachid Djaïdani pour ce film. Merci de nous ouvrir les yeux et de nous montrer ce qui est vrai.
Lors de sa projection au festival de Cannes, Rengaine avait créé un standing ovation de 15 minutes, avec le clap-clap de la reconnaissance, ce qui était déjà prometteur pour la suite de l’aventure de ce film. Rachid Djaïdani a mis 9 ans à le réaliser, comment critiquer un si long et grand travail ? C’est ce que je vais essayer de faire dans cet article.
Rengaine raconte l’histoire d’un couple : une arabe musulmane et un noir qui veulent se marier. Inutile de vous dire que leur union n’enchante pas du tout les deux familles; et c’est ce conflit que nous allons suivre durant tout ce film. Il y a certes une histoire d’amour, mais ce que nous voyons surtout c’est le malaise au coeur des familles arabe et africaine, les répercussions que cela peut avoir sur le couple. C’est en entrant dans ce monde, et surtout dans la quête de l’un des frères de la jeune fiancée, que nous comprenons la douleur que leur éducation et leur passé leur inflige.
Ce film raconte la situation des français face au racisme, face au malaise social et aux mélanges des cultures. Rengaine est rempli de désespoir mais aussi d’espoir, car nous voyons peu à peu une société s’ouvrir sur les changements, les différences. Il n’est pas une dénonciation du racisme, non cela serait trop stéréotypé, mais plutôt une déclaration à l’intolérance.
Il y a quelque chose de poétique qui nous laisse accroché à l’écran durant tout le film, entre autres grâce à une manière de filmer volontairement « amatrice », riche de plans se focalisant principalement sur l’expression des visages des protagonistes. C’est d’ailleurs dans ces plans très rapprochés que l’on peut voir le talent fou, et le plus remarquable de ce film, de Sliman Dazi, le frère de la jeune femme. Ce dernier est propulsé depuis son passage dans Un Prophète de Jacques Audiard (neuf fois césarisé, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur). Sa prestance naturelle fait de lui le personnage le plus intéressant dans le film de Djaïdani
Rengaine fait partie de ces films à petit budget mais à grandes ambitions, le réa’ confie: « On est parti dans l’amour de l’art et pas dans l’amour du dollar » (jolie expression). Il était, dès sa sortie, diffusé dans 63 cinémas et il a conquis 61 cinémas de plus en France, une preuve que nos concitoyens recommencent à aimer le cinéma français et arrivent enfin à faire confiance aux nouveaux réalisateurs comme Rachid Djaïdani, pourvu que ça dure !
En même temps on a envie de lui faire confiance tant il connait le sujet de son film par coeur; pour l’avoir vécu lui même d’une part et parce que ce film est le fruit d’une longue réflexion, d’un travail long de 9 ans. Il fait partie de la nouvelle vague de réalisateurs français en qui on veut croire, tout comme Valérie Donzelli, Maïwenn, ou encore Hugo Gelin qui nous ont livré des chefs d’oeuvre avec respectivement : La Guerre Est Déclarée, Polisse, et Comme des Frères. Chacun leur personnalité, leur style, et chacun un talent fou.
Psst ! La musique principale du film: