Les Membres milanais de la "Sotto-Commissione", ardents et impétueux amateurs de la dive bouteille, sont comme beaucoup d'entre nous : de doux rêveurs sur les étiquettes les plus prestigieuses.
Ils s'enquièrent de la possibilité d'organiser une soirée autour du cru ROMANEE-CONTI. Bien sûr, ils savent que c'est un vin cher, mais quand on leur dit que sur winesearcher (ICI) le prix de la bouteille tourne autour de € 10.000, soit € 1.000 par tête de pipe si on partage la bouteille entre dix convives, ça calme, quand bien même leur portefeuille semble pouvoir supporter un tel excès.
Là où je veux en venir : de tels vins, cela s'apprend. C'est quasi criminel d'ouvrir une Romanée-Conti sans y avoir été préparé. Qu'il me soit permis d'évoquer l'apprentissage que j'ai connu sur ce cru.
Dans le cadre de nos rencontres "romanéennes" avec LPV, Christian Roger et autres amateurs sérieux s'il en est, cet apprentissage se fait de la façon suivante :
- on met en "mise en bouche" un beau cru de la côte de nuits, style Vosne-Romanée, qui donne le ton des vins du coin
- on met ensuite 3 ou 4 crus de référence y inclus un vin du Domaine comme un Vosne, un Echézeaux ou Grands Echézeaux. Cela permet, après la phase de dégustation à l'aveugle pour ne pas être obnubilé par l'étiquette, de discuter sur les styles de ces vins, comme par exemple, un chambolle-musigny de Mugnier, un autre de Groffier, un richebourg de Gros, un Clos, etc.
Avec cette approche "à petits pas" des plus fameux grands crus du Domaine (Richebourg, La Tâche, Romanée-Conti), et surtout si l'on organise de telles dégustations sur plusieurs millésimes (comme ce fût fait au WWS), on permet à l'amateur de se faire une idée claire sur les styles des vins et leurs évolutions dans le temps.
Alors, et seulement alors, si vos moyens le permettent, ce sera le moment de déguster ce graal qui est graal surtout par sa rareté, tant il est vrai qu'en interrogeant bien des vignerons bourguignons, l'émotion la plus forte qu'ils ont pu ressentir dans leur vie est associé au La Tâche.
A Bordeaux, le process doit être identique. Pour bien saisir les nuances de l'AOC Pessac-Léognan par exemple, rien de mieux qu'une petite aveugle où vous mettez LMHB, Haut-Brion, Pape-Clément, Smith-Haut-Lafitte, Malartic-Lagravière et deux ou trois autres crus plus modestes mais de belle réputation.
C'est à de telles occasions que chacun, selon son palais, selon ses goûts, selon ses connaissances, va pouvoir identifier le style de vin qui lui plait et constater à quel point la hiérarchie des prix chemine parallèlement ou non à celle de ses préférences.
Une telle approche des grands vins, naturellement à faire à plusieurs, histoire de partager les coûts et les idées, permet d'éviter de grosses bêtises.
Les grands sommeliers savent cela. Didier Bureau m'a ainsi enseigné tant de choses, aussi bien sur l'Alsace que la Bourgogne ou la Loire. Eux savent mieux que d'autres ce qui va bien sur tel ou tel mets. Bon, il y en a qui sont nuls de nuls, on le sait, mais qu'on ne se prive pas des bons : il y a toujours à apprendre avec eux !
Les clubs d'amateurs : voilà une bonne formule pour la découverte du vin. A ce propos, hasard des rencontres TGV, voilà un fondu et sa compagne qui cumule une passion du beau vin et une quatrième place aux jeux paralympiques, section tennis de table. Ah, du temps des TEE, on eût pu s'assoir et prendre un solide déjeuner avec ces crus classés qui faisaient la gloire de la SNCF :-)
Coraline & Cedric Cabestany (membre du "team" Mathieu Dibon) On a prévu pour début 2013 une soirée d'échanges avec l'équipe de François Rosenfeld. Bibi ? Je compterai les points :-) Histoire d'évoquer encore une belle topette italienne : pour Laurentg dont la méconnaissance profonde du monde du vin transalpin n'a d'égale que sa furiosité à apprendre, vitesse EADS :-)Je déconne, Laurent, je déconne :-)Conclusion du jour : intégrer un petit club local : rien de mieux pour apprendre le vin. Mais avec une condition non négociable : toujours commencer les dégustations en silence et à l'aveugle. Après, oui, on peut moduler ses notes et commentaires en fonction de l'histoire, du pedigree de l'étiquette. Jamais avant !