Pas de doute, le 21/12/2012 est, dans notre calendrier, la bonne date du solstice d’hiver ! Et gageons qu’au bout de cette journée particulière, l’échéance déclamée de la fin des temps aura été repoussée à une date ultérieure. Les astrologues de service, invités à “voir” les événements de 2013 sur les plateaux des télévisions complaisantes avec les “arts de la divination”, pourront expliquer que les charlatans du catastrophisme sont de fieffés illettrés du zodiaque. Des incultes du tarot et de la boule de cristal, incapables de distinguer alignement et conjonction planétaire. Tous deux absents du ciel de Noël !
Fallait-il en rire ou en pleurer ? Ignorer cette formidable rumeur numérique mondialisée — sans doute la plus médiatisée de tous les temps — et feindre de ne pas entendre les tam-tams de la peur qui vont raisonner en rythmes lourds et hypnotisants ?
Non, et nous avons choisi de nous y intéresser comme à un exercice… de vulgarisation. Joyeux évidemment, mais juste et rationnel, comme doivent le rester la raison et la méthode scientifique face à l’obscurantisme et aux théories du complot. Vous trouverez donc dans ce numéro de Ciel & Espace l’essentiel des arguments astronomiques et géophysiques bouchant hermétiquement, une à une, les trompettes de l’Apocalypse. Un travail de Sisyphe, obligatoire.
Reste que ce lapin posé au 21/12 ne peut que nous interroger. Il convoque toutes les forces antiques — l’eau, l’air, la terre et le feu — pour nous détruire. Il utilise en diffusion tous les moyens de communication modernes mondialisés : les réseaux Internet, les constellations de satellites, de multiples portables. Paradoxalement, l’Homme y est aussi absent qu’impuissant. À aucun moment sa “science” ne l’aide à y échapper. Bref, c’est une fin du monde moderne dans la forme, archaïque sur le fond. Un scénario de jeu vidéo et de film catastrophe, naïf et primitif, qui se moque de toute connaissance et de toute vraisemblance, et s’alimente de peurs et de fantasmes.
Mais qui en est à l’origine ? Nous-mêmes, évidemment… Qui voyons grandir sous nos yeux la première fin du monde contributive. Alimentée à la vitesse de la lumière par les messages dématérialisés. Un ogre — vivant au fond d’une caverne — nourri par les ombres qui obscurcissent les visions du futur. C’est fascinant et effrayant à la fois. Comme une bouffée de vide, une dépense d’énergie, noire bien sûr, avant le retour à la lumière chaude des guirlandes de Noël.
Alain Cirou
Directeur de la rédaction
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