Dégradation de Moody’s… et alors ?

Publié le 24 novembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Après la décision de Moody's, une seule agence de notation fait semblant d’y croire encore, elle appartient à un Français…

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

Un ministre allemand, le périodique anglais le plus lu, une agence de notation américaine, tout ça en une semaine…

Techniquement, la note long terme de la dette de la France a été abaissée d’un cran par Moody's. Cette décision intervient deux ans après la dégradation par Dagong (agence chinoise) qui l’avait dégradé dès juin 2010 et un an après qu’Egan Jones ne la dégrade pour une première fois, puisque cette agence de notation, en juin dernier, a abaissé de nouveau la note de la France à BBB. Tout le monde se souvient de S&P qui avait aussi dégradé la note de la France. Oui, clairement, la dette de la France est pourrie et à part Fitch qui, bien que de nationalité américaine, appartient à un Français, personne ne peu, sans perdre sa propre crédibilité, oser prétendre le contraire.

Il faut bien voir qu’en l’espace d’une semaine, nous avons eu le ministre de l’Économie allemand qui lâche avoir préparé un plan de relance pour la France, le premier périodique économique britannique qui parle (enfin) ouvertement de la France comme de la bombe à retardement de l’Europe et la très sélecte et politiquement correct Moody’s qui dégrade avec perspective négative ! Perspective négative, même pas stable, né-ga-ti-ve.

Des marchés déconnectés et avides de liquidités

Mais, allez vous me dire, cela n’a aucune importance puisque le CAC n’a pas bougé et les taux sont stables. Il faut comprendre que la bourse est désormais aux mains des financiers spéculateurs beaucoup plus que dans celles des investisseurs. Or, le monde de la finance aime les situations critiques. Pourquoi ? Parce que les banques centrales, BCE en tête désormais, répondent à toute situation de crise par un lâcher de liquidités. Ces liquidités se retrouvent dans le circuit financier (et non économique) et alimentent la spéculation.

Aucune perspective positive

La particularité de la dégradation de Moody’s, c’est qu’elle intervient tard, très tard par rapport à la réalité de la situation. C’est là que cette note peut être interprétée comme un total désaveu de la politique gouvernementale. Moody’s a attendu de voir avant de se prononcer. Elle a laissé le temps au gouvernement de se mettre en place, de prendre ses premières décisions, d’afficher ses objectifs et ses orientations. C’est à la vue de ces éléments qu’elle a considéré que rien ne lui permettait de penser que la France prenait le chemin de la normalisation, tant du côté de la gestion de sa dette que du côté de sa relance.

Depuis des mois, on nous raconte que le gouvernement est « obligé » d’afficher sa volonté de maintenir le cap des 3% de PIB de déficit (25% de ses recettes) afin de conserver sa crédibilité auprès des marchés et préserver ses taux d’emprunts. Raté. La dernière agence de notation qui faisait semblant d’y croire jette l’éponge. 3% de déficit, elle n’y croit pas, 0,8% de croissance, elle n’y croit pas, le rééquilibrage du budget par l’unique pression fiscale, elle n’y croit pas, la relance par l’étatisation, elle n’y croit pas. Même si elle cite le pacte pour la compétitivité comme une bonne orientation, c’est aussitôt pour en minimiser la portée et l’échéance. Irrémédiablement, la France glisse vers les pays insolvables, les pays qui ne paieront pas leur dette ou au prix d’une paupérisation de sa population rarement connue dans notre histoire.

Mais tout cela n’est pas nouveau. Nous le savons déjà depuis plusieurs années. Ce qui est nouveau, c’est que le ministre allemand de l’économie, la presse allemande et la presse britannique, la très sélecte Moody’s le disent. Si la loi du silence et du consensus se rompt, c’est que l’échéance s’approche.

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