Ce sera vraisemblablement la dernière gazette du village de cette année, à moins que des événements significatifs m'obligent à une édition non prévue, avant l'année prochaine !
On débutera donc cette gazette pour se dire que le village a perdu une âme depuis notre dernier numéro...Hélas, je pense que les esprits qui avaient eus tendance à lever le pied viendront chercher mon voisin ! Tous ceux qui ont pus passer au village se souviendront de ce petit bonhomme, habitant à Si Yek Paak Maa, qui à chaque fois qu'il le pût venait offrir sa bénédiction à mes hôtes en leur nouant un « putkhen » autour du poignet, voire leur remettre des mantra gravés sur une plaque de cuivre ou couchés sur une pièce de tissu issue d'une robe de moine...
À l'aube de ses 98 ans, il est entre les hôpitaux de Sélaphum et ceux de Roi Et à l'heure où j'écris ces quelques lignes et lorsque l'on est arrivé à ces va-et-vient aux seins des autorités médicales, ce n'est pas vraiment bon signe ou serait-ce sa délivrance ? Comme il me le dit, il y a peu ! Sa famille a commencé à se rassembler autour de lui, arrivant de toutes les provinces de Thaïlande, son retour au village sera sûrement pour son dernier voyage...
Bonne route petit homme plein de sagesse.
[…]
L'autre événement significatif de ces dernières semaines est le début de la récolte du riz, la moisson ! Comme tous les ans, le
rythme du village change, les matins sont laborieux, à la nuit, dès 4-5 heures tous se bougent, s'activent à se préparer pour aller le plus tôt possible rejoindre la rizière. On travaille à la fraîche, c'est préférable, la saison froide n'est pas encore là, le mercure montre encore allègrement ses 37 degrés à l'aplomb du soleil de midi ! La coupe du riz se fait de plus en plus grâce au machine « rot khao », mais elles se font encore trop rares, la
demande est telle qu'elle tourne 24 heures sur 24, alors la nuit, il n'est pas rare, mêlé au crissement des grillons, d'entendre le bourdonnement de celles-ci, au loin, quelque part dans une rizière lointaine, entrevoyant sous le ciel étoilé de l'ISAN les puissants projecteurs leur permettant de couper
inexorablement les tiges de riz...On moissonne bien-sur encore à la main, mais souvent ce ne sont que quelques anciens, esseulés dans l'immensité des champs jaunis, plus beaucoup de « citadins » remontent de la ville pour couper le riz « kiio khao », quant aux jeunes, à part certains le week-end, ils ont d'autres chats à fouetter laissant les vieilles carcasses courbées s'échiner dans la rizière !
Le village est donc des plus calme, très peu de marchand passent la journée pour vendre quoique ce soit, il coupe le riz aussi, ailleurs, dans leurs « Baan », certains passent tout de même, comme ce bonimenteur d'origine indo-khmer-ISAN qui ventait le bienfait de médicaments, paracétamol des esprits, Viagra bio de fabrication douteuse, il déballa un speech des plus coloré agrémenté de tours de magie qui firent le plaisir de tous, même les gosses du village s'échappant de l'école furent renvoyés à leur étude par la langue bien pendue de ce « charlatan » des cambrousses que la crédulité des villageois apprécie ! Cela change des vendeurs d'oignons, fruits, sel, vasques, bassines, foie de poulet et j'en passe et cela ne trompe pas, vu l'engouement de tous à assister au spectacle des tours de passe-passe de ce malicieux vendeur qui d'ailleurs fit une vente significative !
L'autre nouveauté au village, enfin cela est demandé depuis longtemps par les chefs du Baan qui ont sûrement reçus des prérogatives allant dans ce sens, c'est donc de déplacer les fermes à cochons vers les fermes et la dernières éleveuses de goret a du plier truies et porcs pour commencer à construire une porcherie bien loin du village !
Les zébus vont suivre comme les canards (heu...les cannes !)
l'ont déjà fait, au village, il ne restera plus que les poules et leurs coqs vindicatifs !
Une autre grande nouvelle est aussi la mise en route de la route vers Sélaphum...
Enfin ! Arrivant il y a plus de quatorze ans, pour venir de la nationales 23 à Ban Pangkhan, on avait le droit à une route moitié terre moitié goudrons, puis très vite une route carrossable, mais juste recouverte de noir asphalte alors chaque année à la saison des pluies cette route devenait celle d'un « Paris-Dakar » de l'ISAN. Désormais, c'est terminé, route élargie, bien damée, un confort de tous les jours où tous les véhicules peuvent se la donner à des vitesses hors limite, alors désormais les accidents fleurissent, mais le temps calmera les ardeurs de chacun ?
Cette route permet donc de rejoindre Sé (Sélaphum) en moins d'un quart d'heure désormais et nouveauté au sein de la capitale du quartier, un farang, un anglais, a ouvert un bar-resto, snooker, télévision pour la retransmission des matchs de...de ? Je vous le donne en mille, de foot bien-sur, ligue anglaise exclusive ! Jusque là rien d'original, bière pression, musique des seventies, un bon point, bon et après ? Le taulier est sympa, il tente de faire quelques plats farangs sortis des livres de cuisine d'un pays farang que je ne connais pas, bizarre dirons-nous ! Sa femme est très gentille et se plaît à dire que le bar, c'est elle qui lui a dit de l'ouvrir, étant un grand buveur, au moins, il boirait « à la maison » qui pour une aficionados du club de Liverpool est un plus...Jouer à domicile facilite les choses ! Une première soirée passée, sans encombre, musique à fond, les voisins commencent à ce qu'il paraît à en avoir leur claque mais...Boisson à gogo et le boss qui finit écroulé derrière le zinc ! Fin de chantier ! Je repassais deux fois, un midi mais là plus personne au comptoir, j'en profitais de faire des photos de l'établissement ! Et puis il y a peu je passais en fin de matinée et madame était là, elle réveilla donc son mari qui sortit des bras de Morphée accompagné des effluves de la veille...Enfin, on buvait une bière en guise de good morning ISAN, le temps passait, trois quatre bières plus tard, il y a des moments où la notion de temps universel doit être mise de coté, comptons en bières, c'est plus simple ! Madame est toujours là au coin du bar, mais ne dit rien, moi je me dis, il y a baleine sous caillou, temps de mousson en frangipane (en filigrane, hic)...deux bières plus loin, fin de fût (ce sont des choses qu'arrivent!), Monsieur demande à Madame d'aller chercher des binches chez l'épicier du coin et là, ce fut 14 juillet, branles-bas de combat, tous aux abris, ça sentait Trafalgar, grand opening day ou boxing day ? On met les choses à plat, « tu étais où hier au soir, tu ne sais que te saouler, je te demande mille baths depuis deux jours et tu me réponds demain, toujours demain tu n'as que ce mot là à la bouche », soliloque-t-elle, car il est déjà Knock Out notre gars, alors je m'exprime et dit « STOP » c'est tout, je précise que toute cette conversation se déroule en thaï-ingliss. Je sortais alors ce vieux dicton « le linge sale se lave en famille »...La femme prit alors une charrette, bouche cousue et prit ses affaires personnelles, enfin une partie puisque je n'assistais pas à la fin de l'inventaire-déménagement, je proposais au « bad boy » de me suivre pour une virée en dehors, le temps de laisser passer l'orage, mais il refusa, je partit donc une fois mon verre terminé...Depuis, le bar est fermé mais le boss me l'a dit, je l'ai rencontré depuis mon retour du bord de mer, cela devrait rouvrir à nouveau ! Ce n'est donc pas gagné, un pub à Sé, "l'ISAN c'est beau mais pas facile tous les jours !"
Je disais donc qu'au retour des contrées hors ISAN, je croisais notre patron de bar, et entre temps j'écrivais quelques articles sur nos vacances en bord de mer :
À huit-cents bornes des rizières*...Hua Hin, Thaïlande !
Hua Hin, Thailande ! Au pays du matin calme ?
Nous passions par Bangkok et faisions des rencontres et des lieux nouveaux, ce qui me permit de publier ces trois articles :
BOO, le beau-frère suédois !
Et vous, vous êtes plutôt, Tongs, Crocks ou Slaps ?
À Bangkok et ailleurs, seuls au milieu du monde?
À notre retour, nous ramenions aussi de Chatuchak market notre ami Firmin, le lapin...Les chiens comme cela n'est pas notre fort et que je refusais dans la torpeur du marché, l'écureuil ou la mangouste, le compromis fut «UN LAPIN »...il est désormais là, impassible, il mange toute la journée (cela me fait penser qu'il faudra le sortir de la cage avant qu'il ne passe plus par la porte !), les enfants ne s'en occupent plus alors, c'est bibi qui s'y colle, mais fallait pas me le laisser, je les ai prévenu, j'ai un avenir de luxe pour Firmin...No comment !
D'ailleurs puisque l'on parle de futures recettes, les premières fraises de Chiang Maï sont arrivées au marché de Sé (pas beaucoup mais...), cela annonce la saison froide mais aussi et surtout la saison des fraisiers et des tartes aux fraises, les pommes c'est bon mais...
Je conclurai cette gazette avec ma petite excursion en solo à Bangkok...L'ami Greg fait sa transhumance hivernale, Noimoutier-ISAN pour 4-5 mois, alors de tradition (ben ouais, il m'arrive d'en avoir) je vais le « pickuper » à Khrung Thep...Deux jours entre amis, fiesta et nouba et le lendemain, on fait l'inverse ...Rien d'original jusque là mais je dirais que cette année, nous étions à Bangkok lors de la visite de Barrack Obama fraîchement élu mais nous n'étions pas conviés au repas de l'ambassadeur alors nous nous sommes invités à la party de l'Ambassador !
Et là, je sais que je vais en faire baver certains car par hasard dans l'après midi, on entendit parler que Sek Loso allait donner un concert privé, dans un grand hôtel de la cité des anges ! Il ne nous fallut pas longtemps pour trouver deux tickets VIP, certes pas donnés, 500 baths, et nous nous y rendions dès huit heures du soir, on était bien frappa-dingue d'aller si tôt dans une boite de nuit, de surcroit thaïe, mais on voulait les meilleurs places c'est-à dire, devant ! Na !
Dans le sous-sol de l'Ambassador, on prit place et commencions notre soirée, avec le personnel de la boite, nous trinquions allègrement, la musique débuta vers dix heures, mais toujours pas de LOSO, ses sbires, chanteuses, les fans arrivaient et on peut le dire, notre table était convoitée, on la partagea avec des thaïs en goguette, bien mis et déjà bien détrempés d’alcool fort... les heures passaient et LOSO ne se pointait toujours pas, la vodka et le Gin coulait à flot, « les frangines avaient la peau moite, tous les mec nageaient dans l'coaltar » (J.Higelin, dans BBH 75) et puis la star est arrivée, non pas sur scène mais je le croisais aux toilettes, un rêve ? (OK OK, je sais un endroit où intimité et ...mais...) je me demandais si j'hallucinais et puis lorsque je revins la guitare endiablée est partie, ses meilleurs tubes, des solos à couper le souffle, je ne trouvais plus ma table mais dans ces cas là, nous sommes deux et Greg me réorienta, nos verres avaient disparu sous une montagne de verres « amis », les serveuses se pressaient à tout rentrer, la casse, la casse mais étrangement tous dansèrent, nous aussi, tous filmaient avec leur portable même s'il était spécifié que cela était interdit, même moi j'ai filmé sauf que je n'avais pas mis mon portable en mode vidéo (franchement toujours aussi nul !), pas l'habitude de cette fonction, mais tant pis, on était là, Sek Loso repartit avec les éternelles midinettes à ses trousses, et nous restions là, sourds, sourire aux lèvres, on vidait une dernière bouteille d'une nana et de son mec en mal de potes farangs, on ressortait dans la moiteur du milieu de nuit, il était quatre heures du mat', on nous offrit un tee-shirt souvenir de cette soirée et nous pouvions aller marcher dans les rues encore animées de la capitale, une dernière soupe dans une ruelle qui se vidait de ses fêtards et nous allions pouvoir nous reposer avant notre retour en ISAN...Ouf, il était temps !
Voici donc les dernières nouvelles du Farang-ISAN et de Ban Pangkhan mais vous allez peut-être me dire : « Pas de fêtes de temples, pas de processions, pas de mariages ce mois ci ? ». Bien-sur, il y en a eu, tellement eu que j'en ferai un article, déjà que j'ai tendance à divaguer sur le clavier alors attendons la semaine prochaine pour les fêtes en tous genres de ces derniers temps...
Paille Kheundheu !