Narrow Terence au Naxos Bobine, 22 novembre 2012 (photo iPhone par Lo)
Violence With Benefits, le nouvel album de Narrow Terence est attendu pour le 28 janvier 2013. Hier, le groupe dévoilait l’album en live dans un endroit singulier à Paris, le Naxos Bobine, un atelier associatif, terrain d’expérience de gratuité et de convivialité (où par exemple chacun ramène ses boissons et grignoteries), qui accueille depuis des années tous types d’artistes dans un sous-sol parfaitement aménagé.
Ce 22 novembre, la soirée se déroule en trois temps. D’abord, c’est armés de bières et de chips que nous entrons dans un rez-de-chaussée bondé, où les rires et les exclamations de joies de tous types ponctuent retrouvailles et rencontres. On passe quelque temps à discuter de choses et d’autres avec des inconnus ou des personnes aux visages plus familiers. On sent une certaine excitation et un très palpable plaisir d’être là. Passé un temps, Arthur (manager du groupe) invite tout le monde à descendre. Le second temps, de la soirée commence – surprise – la projection d’un documentaire sur les péripéties qui ont abouti à la création de Violence With Benefits. C’est à voir absolument. En attendant, voici deux teasers diffusés récemment :
Troisième temps de la soirée : le concert. C’est en quintette que le groupe monte sur scène, dans une formule amplifiée mais au grain très acoustique, mêlant violons, trombone, guitares, piano, batteries et percussion, Farfisa, glockespiel et autres joyeusetés. Après les avoir vus à de nombreuses reprises (à La Flèche d’Or il y a quelques années, en duo Narco Terror au Trabendo et à l’Espace B récemment, en trio guitares-violon au Naxos Bobine il y a à peine un mois…), nous voilà encore surpris, encore saisis par l’univers délicieusement protéiforme des deux frangins et de leur bande.
C’est qu’on ne s’emmerde pas une seconde quand on suit les Narrow / Narco. Capables de vous rentrer dans le lard de façon délicieusement brutale quand ils sont planqués derrière leurs grimages sanglants (version Narco Terror donc), armés de grattes cochonnes et bluesy et d’une batterie bûcheronne, il savent se faire veloutés, doux comme le velours mais aussi amples et poétiques, épiques et entraînants lorsqu’ils adoptent le format de l’album Violence With Benefits.
Ici, les voix ses multiplient, le violons et le trombone prennent un place cruciale, qui va bien au-delà de l’accompagnement. Les morceaux déjà connus se muent en nouveautés presque complètes. Nous sommes restés le cul par-terre en entendant ‘Enki’, dont le refrain résonne déjà dans nos neurones comme un standard inoubliable (vous savez, ce genre de trucs que vous vous mettez à vous chanter à vous-même lors de votre jogging hebdomadaire), mais aussi Wet Dead Horses, qui devient dans cette formule un brûlot indescriptible, dynamique et prenant, aussi sautillant que berçant, construit comme un morceau de Metallica, mais avec une évidence qui lui sied parfaitement en acoustique. Un morceau de bravoure, qui fait montre d’une maîtrise admirable, et n’est pas loin de résumer à lui seul ce qu’on pense au fond de Narrow Terence. Un groupe énorme, qui peut tout faire avec un talent toujours surprenant, qui emmerde l’évidence et a le bon goût de faire un bon gros doigt d’honneur à toute espèce d’impératif conventionnel ; comme si leur réponse, qu’on adoptera religieusement comme motto dès maintenant, à l’expression de remarques du types « vous ne pouvez pas faire du metal et de la folk un même soir », « vous n’avez pas le droit de passer d’un truc hyper violent à un truc tout doux, tout joli comme ça avec du violon et sans rien dire », « vous vous devez d’être cohérents parce que les gens veulent de la cohérence », « vous ne pouvez pas avoir une image violente si vous faites de l’acoustique avec trombone et violon », etc. se résumait à la phrase : « Occupe-toi de ton culte ».
Bref : on adore Narrow Terence et on a hâte d’être au 28 janvier.
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