Community Manager, ce fut le « buzz word » il y a deux ou trois ans : d’un seul coup tout le monde découvrait l’existence de ce métier étrange que les mauvaises langues pourraient définir comme « passer ses journées à glander sur Facebook »…
Vu que c’est mon métier, vous comprendrez sans peine que je m’inscris en faux contre cette définition, sauf de temps en temps, pour faire bisquer les copains.
Sérieusement, ça fait quoi, un community manager ?
Ben en fait, ça dépend ! La profession tend à se spécialiser, et à se diviser entre le social media manager, le content manager, le community manager proprement dit, et je pense qu’il traîne encore quelques spécialisations qui n’ont pas encore atteint la province.
Moi, j’ai de la chance, je bosse pour une agence à taille humaine, donc je suis tout ça à la fois (et même pas mal d’autres choses, mais ça n’est pas le sujet de ce billet). J’ai donc la responsabilité de :
- gérer des campagnes de recrutement de fans sur Facebook à l’aide d’une interface incompréhensible,
- gérer des communautés de fans en trouvant chaque semaine des choses intéressantes à leur raconter ( là, reconnaissons que je suis bien aidée par la particularité de l’espèce humaine à être principalement intéressée par ce qui tourne autour de son nombril, « Parlez moi de moi, y’a qu’ça qui m’intéresse… »),
- écrire 10 versions d’un même texte pour me conformer aux guide lines de Google,
- essuyer les dégâts causés par toutes sortes de bestioles noires et blanches (panda, pingouin, merci Google),
- et globalement à m’adapter en permanence à un monde dont la seule caractéristique est l’instabilité.
Mais, me direz vous, en quoi ce métier a t’il pu ainsi changer ma vie ?
Pour référencer un site correctement, il faut se plonger dans l’univers du client. Et quand on gère beaucoup de clients, comme c’est notre cas, ça veut dire changer d’univers toutes les deux heures (plus ou moins). Et quand je parle de changer d’univers, c’est vraiment de grand écart qu’il s’agit !Avec des clients dans des domaines aussi divers que les méthodes formelles, les bottes santiags, la construction BBC en Provence, la gestion de patrimoine, la vente de poêle à bois, le portage salarial, les cours de sophrologie, les fenêtres pvc sur mesure, la chirurgie esthétique ou l’édition de magazines techniques, les jours se suivent et se ressemblent assez peu.
J’ai donc acquis une culture (superficielle, je suis la première à le reconnaître) dans des domaines dont j’ignorais même l’existence ( la sûreté de fonctionnement, la norme BBC RT2012 , les bornes d’appel d’urgence ou les composés organiques volatils…)
Mais surtout, ce que j’ai glané en me penchant sur tous ces sujets a définitivement influencé ma manière de vivre.
Je porte désormais de sublimes bottes santiags, après des années d’angoisse à l’idée du bistouri j’ai fini par accepter une opération bénigne qui m’a changé la vie, j’ai supprimé tous les meubles en particules de bois de chez moi, et je me suis mise à manger des petits oursons guimauve…
Incidemment je suis capable de comprendre ce que disent mes copains geek, et je sais aussi dater un site internet rien qu’en voyant sa page d’accueil…
S’il existe encore des parents pour dire à leurs enfants « fais du droit ça mène à tout« , je leur suggèrerais bien de changer de disque (dur) et de se mettre au goût du jour : « deviens Community manager, mon fils, ça mène à tout ! »