[Critique DVD] Pulsions

Par Gicquel

Une jeune femme à la vie sexuelle perturbée consulte un psychiatre. A la suite de cette entrevue, elle passe la nuit avec un inconnu rencontré dans un musée. Le lendemain, elle se fait assassiner par une mystérieuse blonde. Une call-girl qui a assisté au drame est traquée par la meurtrière...

"Pulsions" de Brian De Palma

Avec : Michael Caine, Angie Dickinson, Nancy Allen

Sortie le 21 novemb 2012

Distribué par Carlotta Films

Durée : 101 minutes

Nombre de : 2

Film classé : 16 ans et plus

Le film :

Les bonus :

Je ne sais pas trop pourquoi on ressort De Palma sur une courte période (1980-1981), avec deux films qui me laissent un peu pantois. Vous pouvez lire par ailleurs ce que je pense de « Blow out », alors que bien supérieur me semble-t-il, « Pulsions » n’en demeure pas moins, une fois encore, un artefact, emprunté à Hitchock dont le cinéaste eut donc bien du mal à se défaire.
Au point de nous proposer dans les deux films le même style de scènes, steadicam en tête (et c’était alors assez nouveau) pour balayer la façade d’un immeuble à l’intérieur duquel il se passe des choses pas très catholiques. Avant de conclure au cœur de la fameuse douche…

La seule différence notable est que cette fois la référence hitchcockienne à « Psychose » est patente tout au long du récit . On y  voit déambuler une jeune femme, insouciante et belle, face à un danger que tout le monde pressent, spectateur en tête. Seule l’héroïne l’ignore avec une superbe, désarmante.
J’ai l’impression qu’à l’époque, De Palma qui n’est pourtant plus un inconnu, fait encore ses gammes sur le dos d’un thriller hésitant, aux fortes connotations érotiques, et néanmoins très construit autour de la personnalité de ses personnages.
Je pense avant tout au psychiatre bien évidemment (Michael Caine, assez étonnant dans le rôle), dont la clientèle semble particulièrement soumise aux pulsions d’un meurtrier, plusieurs fois repéré sous les traits d’une femme blonde. Le travestissement évident, renvoie à la thématique de la dualité que le cinéaste utilisera à plusieurs reprises au cours de sa longue carrière.
Plus que le vrai du faux, retenu dans « Blow out », l’humain interroge ici le réalisateur, peu conciliant avec ses condisciples. Il les voit plutôt en noir ou en pute à la vertu déglinguée.

C’est  la victime toute désignée qu’il dessine de manière assez caricaturale, dans ses minauderies et autres mamours plus ou moins sensuels. Ou le jeu des apparences face à l’instinct meurtrier de l’énigmatique personnage que De Palma nous révèle assez vite, à force d’en sur ligner les traits et les manies. Quelques frissons plus loin on ne s’étonne alors plus de rien, et surtout pas des agissements inconsidérés de cette femme qui en mal d’amour, en viendra à suivre un inconnu, d’une galerie d’art à son appartement.
Le film commence ainsi. Il commençait bien.

LES SUPPLEMENTS

  • Préface de Samuel Blumenfeld (8 mn)

Il est préférable de la visionner après le film.

  • « Pulsions » en 3 versions

Passionnant à suivre ces versions censurées, non censurées ou télévisées. Trois séquences différentes dont celle de la douche et du meurtre illustrent bien le sujet.

  • Symphonie de la peur (17 mn)

Toujours aussi bavard, le producteur G.Litto se raconte aussi beaucoup, mais comme pour « Blow out », il a des choses à dire

  • « La femme en blanc » (22 mn)

Angie Dickinson se souvient du tournage pour un film qui reste son meilleur souvenir en repensant quand même aussi à « Rio Bravo ».La scène de la douche, doublée, lui reste une belle frayeur, dit-elle en analysant son personnage, au détour de quelques séquences mémorables à l’image de celle du musée, joliment décryptée.

  • « La femme en violet » (22 mn)

Nancy Allen assure comme beaucoup de ses consœurs que Brian De Palma était quelqu’un de « très ouvert à la discussion. Vous aviez une proposition il fallait la lui montrer, tant que l’on ne s’écartait pas du sillage qu’il avait tracé ». Elle dit aussi qu’elle aimait sentir où se trouvait la caméra, « il y avait quelque chose de sensuelle », même si la scène d’effeuillage devant le psychiatre lui parut difficile. « Il est plus facile d’être nue, que dans cette lingerie noire, et d’ailleurs l’ambiance n’était plus la même sur le plateau ».

  • Une leçon de cinéma (30 mn)

On ne le reconnaît pas forcément, mais le jeune homme dont la mère est la première victime du tueur, n’est autre que Keith Gordon qui deviendra le réalisateur de plusieurs « Dexter ». Jouer ce rôle dit-il a été « une expérience qui m’a aidé à devenir réalisateur, j’ai appris à utiliser une caméra pour susciter une tension, la peur ou une atmosphère. (… ) La tension provoquée dans ce film est encore plus intelligente que dans la plupart des thrillers d’aujourd’hui. (… ) A l’époque il repoussait les limites en terme de sexualité et de violence, c’est un film déterminant ».

En bref

Le film

Il faut croire que le temps a émoussé les effets dramatiques, et érotiques d’un récit qui aujourd’hui prend sa juste place dans les indispensables du cinéma. Il faut l’avoir vu pour comprendre le volet de l’Histoire du septième art, où Hitchcock n’en finit pas de faire ses petits. Après quoi De Palma pourra voler de ses propres ailes.

Les bonus

Comme pour " Blow out" beaucoup de techniciens, et comédiens ayant participé au film, se souvienne du tournage et de la manière de travailler de De Palma. C'est très documenté, même si des documents d'époque font défaut.