“my too stormy passions work me wrong, and for excess of Love my Love is dumb”

Publié le 23 novembre 2012 par Clarabel

D'emblée, j'avoue un intérêt coupable pour les histoires se passant dans un pensionnat, donc là j'ai été plutôt vernie. Cimmeria est une école d'aspect guindé et classique, autour de laquelle règne un mystère épais et pesant. Les parents d'Allie, excédés de ses nombreuses frasques, ont choisi de l'y envoyer en mesure de discipline stricte. Allie, qu'on nous présente avec ses cheveux rouges, ses yeux charbonneux et ses Doc Martens, prétend être une rebelle le temps d'un chapitre, la suite nous prouvera tout le contraire.

Car Allie ressemble à toutes ces jeunes héroïnes, naïves, curieuses et aveugles, en colère contre l'autorité parentale, se livrant corps et âme à leurs histoires sentimentales, souvent parce que son prétendant est tellement beau et irrésistible que ce serait dommage de ne pas saisir sa chance. Qu'importe si l'ambiance énigmatique pèse dans la balance, si des copains conspirent dans votre dos et élaborent un club élitiste à la barbe du monde, non, non, il ne faut pas s'en soucier, pas pour l'instant, d'abord il suffit de s'acclimater au monde impitoyable de l'adolescence. Vous savez, cette joyeuse époque constituée de mesquineries de bas étage, de guéguerres pathétiques, de crises de jalousie et de rumeurs qui vous empoisonnent vite l'existence...
Le quotidien d'Allie est ainsi ponctué de repas entre amis, de cours où l'on disserte autour de poèmes romantiques, de rendez-vous galants, de bal d'été qui vire à la catastrophe (ouf, un peu d'action), d'heures de colle, de balades interdites au clair de lune, de bain de minuit, de bruits bizarres dans la forêt ou sur les toits... Tout cela sur plus de 400 pages. En somme, l'auteur a cultivé à fond son mystère sur la Night School, j'ai longtemps attendu la révélation, supputé des tas de théories, aussi au moment d'en découvrir plus, euh... j'ai levé les sourcils d'étonnement. J'en attendais clairement plus !
Je ne suis pas déçue par ma lecture, j'ai bien aimé me balader dans les couloirs de Cimmeria et je me suis attachée aux petites histoires d'Allie (en soupirant aussi très fort devant sa bêtise et son inconstance !). Il y a un charme certain dans ce roman, mais il est aussi très long, inutilement long, au risque de faire traîner un suspense à trois francs six sous. La suite est déjà disponible, puisque l'éditeur français a obtenu sa parution en exclusivité mondiale pour remercier les fidèles lecteurs de leur accueil enthousiaste.

Night School, par C.J. Daugherty
Robert Laffont, coll. R. (2012)  -  traduit par Cécile Moran