Une sinistre apparition de rats morts dans la ville d’Oran marque le début du roman. Cette présence macabre génère des réactions diverses
d’inquiétude chez les uns ou d’indifférence chez les autres. L’un des personnages,
nommé Grand, décrète par exemple : « J’ai d’autres soucis ». Puis les rats disparaissent et des formes inquiétantes d’épidémie (bubons
sous les aisselles, sur le cou et à l’aine) se déclenchent alors chez certains patients du docteur Rieux (personnage principal de cette « chronique » dont il se déclarera le
narrateur à la fin du roman).
Dés lors, il faut définitivement admettre l’inadmissible :
la maladie, dont les signes avant-coureurs se multiplient, est la peste, cette maladie quasi « légendaire », dont on connaît la réputation, les ravages, mais dont on ne supporte par la
réalité. Et pourtant, jusqu’au dernier moment, beaucoup refusent encore l’évidence, cherchent à se rassurer, à gagner du temps et c’est tout
le sens du chapitre consacré à la réunion de la « commission sanitaire » qui réunit les autorités civiles et médicales et qui montre les ultimes tergiversations. En 1947, date de la
parution de cette œuvre qui vaudra à Camus le prix Nobel de littérature, cet épisode résonne particulièrement dans la mémoire de ceux qui ont assisté à l’irrésistible montée de la « peste brune » et constaté la lâcheté des pays d’Europe face à la montée du nazisme.