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"Des poèmes. Un chaque jour. Comme si ça pouvait changer quelque chose à toute cette saleté."
L’auteur :
Antoine Choplin est depuis 1996 l’organisateur du festival de l’Arpenteur, en Isère, événement consacré au spectacle vivant et à la littérature.
Il vit près de Grenoble, où il concilie son travail d’auteur, ses activités culturelles et sa passion pour la marche en montagne.
Il est également l’auteur de plusieurs livres parus aux éditions de La fosse aux ours, notamment Radeau (2003, Prix des librairies Initiales), Léger fracas du monde (2005) et L’Impasse (2006) (Source : Babélio)
L’histoire :
Un homme sur une moto, à
laquelle est accrochée une remorque bringuebalante, traverse la campagne ukrainienne. Il veut se rendre dans la zone interdite autour de Tchernobyl. Il a une mission.
Le voyage de Gouri est l'occasion pour lui de retrouver ceux qui sont restés là et d'évoquer un monde à jamais disparu où, ce qui a survécu au désastre, tient à quelques lueurs d'humanité.
(Quatrième de couverture)
Ce que j’ai aimé :
Il y a ceux qui sont touchés, comme Iakov ou comme Ksenia la fille de Gouri ; ceux qui ont vécu de près l’horreur et, s’ils s’en sortent indemnes physiquement, ont été détruits intérieurement, comme Kouzma qui a vu son univers s’effondrer littéralement devant lui, devant ses yeux incapables de pleurer tant la douleur était grande. Ils ont tous dû abandonner leur maison, leur vie d’autrefois pour survivre ailleurs, en attendant de voir si la catastrophe nucléaire a laissé des stigmates sur eux.
« La bête n’a pas d’odeur
Et ses griffes muettes zèbrent l’inconnu de nos ventres. » (p.72)
Ils forment un groupe uni dans la détresse, une entité soudée, même si Gouri a choisi d’aller vivre ailleurs, plus loin, à Kiev.
Ce court roman nous parle de l’horreur de Tchernobyl, mais il chante surtout l’amour, la fraternité, l’importance des souvenirs et des témoignages, capitales pour ne pas oublier ces êtres démunis, perdus dans un no man’s land anéanti. Gouri poète écrit un poème chaque jour sur la catastrophe parce que « c’est déjà quelque chose » :
« Il y a eu la vie ici
Il faudra le raconter à ceux qui reviendront
Les enfants enlaçaient les arbres
Et les femmes de grands paniers de fruits
On marchait sur les routes
On avait à faire
Au soir
Les liqueurs gonflaient les sangs
Et les colères insignifiantes
On moquait les torses bombés
Et l’oreille rouge des amoureux
On trouvait le bonheur au coin des cabanes
Il y a eu la vie ici
Il faudra le raconter
Et s’en souvenir nous autres en allés. » (p. 71)
Un très beau texte, poignant, simple, direct, essentiel.
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien.
Premières phrases :
« Après les derniers faubourgs de Kiev, Gouri s’est arrêté sur le bas-côté de la route pour vérifier l’attache de la remorque. Avec force, il essaie de la faire jouer dans un sens puis l’autre et, comme rien ne bouge, il finit par se frotter les mains paume contre paume, l’air satisfait. »
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Du même auteur : Cour nord
Autre : Fukushima, récit d’un désastre de Michaël FERRIER
D’autres avis :
Librairie Initiales
La nuit tombée, Antoine CHOPLIN, La fosse aux ours, 2012, 121 p., 16 euros