Alors que celui-ci réinventait, dans les années soixante, un instrument voué au silence depuis 200 ans, la viole de gambe, Montserrat Figueras réinventait la voix humaine, celle d’avant l’invention de l’opéra il y a 400 ans. Elle avait une voix naturelle d’une extrême douceur, au vibrato toujours au service de la phrase musicale, mais qui portait loin et touchait profond. Une voix immédiatement reconnaissable.
Montserrat Figueras a incarné avec une totale simplicité, comme une évidence, l’étymologie mystérieuse de Carmen : le charme et le chant. Pourtant, quand on l’entendait chanter, on ne disait jamais : quel bel organe, comme on pouvait le dire des chanteuses d’opéra. On disait plutôt : quelle belle musique, oubliant que cette musique naissait du souffle d’une femme.
L’âme de Montserrat Figueras était toute entière fondue dans la musique qu’elle interprétait, en une fusion quasi spirituelle, faite pour moitié de la mélancolie humaine et pour moitié du sourire de l’Ange.
Paul Kristof
FIGUERAS, Montserrat. La voix de l’émotion (Alia Vox, 2012) Disponibilité
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