Le flamenco n’est guère présent, mais il y a par contre une souris blanche à la danse de Saint-Guy. Cette exposition de Jean-Hubert Martin au Passage de Retz, jusqu’au 15 Juin, présente joliment quelques oeuvres emblématiques de Marcel Duchamp, Man Ray et Picabia. Il y a actuellement à la Tate Modern une exposition, paraît-il fort complète, sur ces trois mêmes artistes, mais je ne l’ai pas encore vue. L’exposition parisienne est légère, distrayante, on ne s’y ennuie pas une seconde. Les correspondances entre les trois lascars, au lieu d’être trop pédagogiquement soulignées, émergent discrètement tout naturellement sur les cimaises.
Ensuite Voilà la femme de Picabia (1915), également en collection particulière, femme faite de bielle et de piston, réduite à sa seule fonction mécanique, et qui cousine avec la Mariée mise à nu. Et puis cette rare Bicyclette de Man Ray de 1950, joyeuse et provocante, plus organique aussi, cependant qu’une vraie bicyclette se balance en chandelier au plafond du salon reconstitué de Picabia, au dessus du divan comme il se doit.
Cette aquarelle de Man Ray
est exactement le genre de pièce que vous ne verrez pas à la Pinacothèque, où l’exposition (jusqu’au 1er Juin) au titre d’épitaphe tombale “Unconcerned but not indifferent”, provenant du Man Ray Trust, est lisse, propre, décevante, ennuyeuse, même pas pédagogique et sans la moindre aspérité, ni le moindre plaisir. Décidément, cet endroit déçoit souvent. Mon seul plaisir y fut d’entrevoir sur une petite planche contact Catherine Deneuve à 23 ans portant des boucles d’oreilles dues à Man Ray, posant pour lui dans un décor absurde.En un mot, courez Passage de Retz, allez si vous pouvez au bord de la Tamise, et évitez la Madeleine.
Trois premières photos courtoisie du Passage de Retz. Ces trois artistes étant représentés par l’ADAGP, les photos seront enlevées à la fin de l’exposition. Vous pourrez toujours retrouver ces images ici, ici, (en tout petit et en noir et blanc) là et (dans une variante plus glamour) là.