J'ai déjà fait cette constatation dans ces colonnes, mais l'actualité et l'amoncellement de cas tordus me poussent à revenir sur le sujet : de nos jours, tout indique que l’État et ses sbires détruisent bien plus l'emploi et le commerce qu'ils ne les facilitent effectivement, à tel point qu'il devient judicieux de se demander si une résistance active ne devient pas nécessaire ...
En l'espace de quelques jours, je suis en effet tombé sur un véritable nid d'informations éparses qui pointent toutes dans la même direction : la destruction méticuleuse d'emplois, d'entreprises et de talents créatifs en France.
Attention, il faut bien comprendre ici que je ne suis pas en train, caricaturalement, de dire que depuis que Hollande est parvenu au pouvoir, pouf, la situation s'est magiquement délabrée au point que ce qui était encore possible avec Sarkozy ne le serait plus avec le Président du Changement de Cap Constant. En réalité, le sabotage intensif auquel l’État français, les syndicats et les administrations à l'état d'esprit collectiviste se livrent actuellement font partie d'une véritable tradition avec laquelle chaque entrepreneur ou chaque salarié doit apprendre à composer. Ce n'est pas nouveau. Ce qui a changé, c'est que la situation économique mondiale s'est largement dégradée sur les douze derniers mois, et le message socialiste aussi fossilisé que consternant envoyé par l'actuelle équipe gouvernementale a accéléré la dégringolade. Pour faire court : l’État français, ses syndicats et ses administrations détruisent toujours de l'emploi avec la même ferveur, mais à présent, leurs coups provoquent plus de dégâts qu'avant.
Et c'est muni de cette remarque préliminaire que nous pouvons nous attaquer à quelques exemples récents de cette lutte acharnée que mène l’État contre ces gens inconscients qui n'ont pas encore choisi l'assistanat, le fonctionnariat pour vivre. Ainsi, on découvre l'épuisement qui gagne le chef de petite entreprise en concurrence directe avec ... des prisonniers qui produisent la même chose que sa société, mais à des coûts défiant évidemment toute concurrence. L’État s'est fixé la noble mission de réintégrer les prisonniers par le travail, et fera, dans la foulée, quelques nouveaux chômeurs. La logique économique qui transpire de l'histoire laisse perplexe.
Inversement, lorsqu'une personne rend service à la communauté, qu'elle emploie des salariés, que tout se passe bien, immédiatement, l’État intervient pour arrêter ces épanchements malencontreux de bonheur et de gens qui prennent leurs responsabilités sans lui. Les cas de crèches clandestines que les services sociaux font fermer avec pertes et fracas se multiplient avec de la prison pour les abominables mégères qui entassent les moutards par palettes entières dans leur salon pour de sombres histoires d'argent. Évidemment, la résolution du problème de base (le manque de crèche) est généreusement oublié dans l'histoire, puisqu'une crèche privée qui ouvre, ça ne se voit pas et ça ne crée guère d'emplois publics, au contraire d'une médiathèque ou d'un tram qui mobiliseront durablement les finances de la Ville.Et pendant que les petits entrepreneurs sont gentiment pourchassés, que les initiatives locales sont écrasées sous la paperasse ou les contraintes prodigieusement stupides que l'administration entend créer pour s'assurer de toujours conserver son pouvoir, le gouvernement, de son côté, appuie sur le champignon des démarches idiotes et des petites phrases stupides. Dans la catégorie, Arnaud Montebourg est devenu le maître incontesté, point n'est même besoin de détailler la situation. Pour lui, tout est simple : lorsque les télécoms vont mal, c'est la faute à Free. Lorsque l'automobile va mal, c'est la faute aux Coréens. Lorsque le gouvernement va mal, c'est la faute aux prédécesseurs. Etc... L'automatisme de l'excuse facile donne un vernis de banalité aux crétineries consternantes qu'il dégoise sans que personne ne le remette jamais à sa place. Bénéfice indirect de sa cuistrerie inconsciente, sans doute.Bien évidemment, Montebourg n'est pas le seul à s'exciter puérilement pour démontrer qu'en politique, une agitation destructrice vaut mieux qu'une saine réflexion. Les récents atermoiements du gouvernement sur le gaz de schiste (un coup on y réfléchit, un coup, suite au lobbyisme pathétique d'excitées incompétentes, on n'y réfléchit surtout pas) montrent fort bien l'impasse idéologique complète dans laquelle il s'enferre. Par pure dogmatisme, le Président a décidé de renoncer à la manne énergétique, économique et sociale que forme les réserves françaises : Total l'a bien compris, tout ça sera pour les Polonais.
Et si le gouvernement œuvre ainsi à saboter de pourtant juteuses pistes d'emploi et de croissance, il n'est pas le seul : les syndicats lui emboîtent largement le pas. J'avais déjà évoqué le cas de Bricorama, qui va permettre à Force Ouvrière d'accrocher le scalp de 500 salariés à son tableau de chasse déjà conséquent. On peut y ajouter à présent Arkema qui ne pourra pas investir 70 millions d'euros et les centaines d'emplois correspondants grâce à la vigoureuse action des pachydermes de la CGT. Pas de doute : avec des syndicats pareils, les salariés n'ont pas besoin d'un capitalisme exploiteur triomphant avec des bouts de méchants apatrides qui licencient à tour de bras. Les grandes centrales syndicales suffisent.
Mais le pompon de tout ça, c'est le travail de fond, celui qui permet de miner l'esprit d'entreprise en sapant les petits espoirs et les initiatives dès leur premières expressions. Et pour cela, l’État peut compter sur des administrations au top de leur forme dans la production législative de petites règles corrosives. Le cas de la Cotisation Foncière des Entreprises est particulièrement éclairant. En substance, la contribution, qui remplace la taxe professionnelle supprimée en 2010 par Sarkozy, était censée alléger les charges des entreprises, mais certaines, nombreuses, voient leurs cotisations multipliées par plus de cinq, dans la joie, la bonne humeur et le dépôt de bilan festif. Et comme toute cette taxation créative est gérée au niveau local, elle échappe aux (pour le moment inexistantes) tentatives du gouvernement de redresser la barre.
On pourrait croire que les malversations s'arrêtent là. Il n'en est rien. Il suffit de prendre connaissance du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2013 pour comprendre qu'un autre lot de petites entreprises ira droit au tribunal de commerce déposer le bilan, suppression des cotisations forfaitaires oblige.
Il y a, dans ce billet, plus d'une douzaine de liens des diverses actions, concrètes, précises, documentées, de l'Etat, des administrations et des syndicats qui montrent une chose claire, manifeste et sans ambiguïté : la France s'est maintenant scindée en deux, avec d'un côté ceux qui tentèrent, jadis, de créer des richesses et de l'emploi et qui sont maintenant écrasés, de l'autre côté et sans la moindre considération, par toute une frange de cette France qui vit en parasite des premiers et ne cherche plus qu'une chose : grappiller tout ce qui reste encore à prendre avant l'effondrement final.
Cela sent plus que le moisi. Cela sent la rancœur, la mort et la misère, des désirs de faire cracher au bassinet ceux qui avaient encore envie de ne dépendre de personne d'autre que d'eux-mêmes. Cela sent la fin.
Ce pays est foutu.
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