Le contexte qui se met en place n'est finalement que la bascule de ce qui se produit depuis les années soixante-dix: agrégation d'une force centralisatrice (PS ou RPR-UDF) capable de remporter l'élection, puis trahison inéluctable des promesses larges ayant abouti à l'élection, délitement de l'alliance après la défaite. Les dix dernières années ont été marquées par l'alliance des droites en même temps que son balancier: l'éclatement des gauches.
Ceux qui parient sur le succès du PS-Centre en regardant les statistiques risquent de voir le vent tourner du mauvais côté. Car pour la première fois, ce n'est pas la couleur politique et ses alliance qui se recompose mais bien l'idéologie, la base de ce pour quoi nous faisons de la politique. Si le PS se renie et échoue, la droite qui se trouvera en face sera brune. Ce n'est pas un scoop. Mais surtout, comme l'ère Sarkozy a démontré une accélération du temps politique, le quinquennat qui commence ne pourra être lu sur les curseurs anciens se déroulant à l'échelle de sept ou cinq ans. Les transformations vécues jadis se font désormais en quelques semaines, quelques mois. Une alliance peut ne durer que quelques mois puis s'inverser. A l'heure qu'il est le Parti Socialiste semble en passe de troquer son allié écologiste contre le centre. Grand écart auquel il va faloir s'habituer.
Si l'on regarde son manuel de l'histoire politique française, le PS et le PCF sont les deux plus anciennes formations politiques en course. Elles remontent à plusieurs décénies. Chacun est attaché au passé mythique de son parti, aux heures de la Résistance, à l'utopie pour une part... Mais alors, faudrait-il refonder la Montagne ou les Girondins?
Aujourd'hui pour le peuple de gauche la question est finalement relativement simple. Le pouvoir socialiste, détenant tous les leviers de la Nation se doit d'assumer tous ses choix, ce qu'il fait d'ailleurs en décidant un virage blairiste, social-libéral que tous les gouvernements analogues ont efféctués ces dernières années en Europe, jusqu'à l'aboutissement ultime incarné par Papandréou en Grèce.
Contrairement aux Droites, la Gauche se construit sur des valeurs plus que sur un chef ou une couleur. A l'heure qu'il est nombre de militants, d'élus, d'électeurs socialistes sont très mal à l'aise. La solidarité electorale joue encore, mais jusqu'à quand? Chacun doit se poser la question de ce qu'il souhaite pour son pays, de quelles valeurs il se sent proche. Abatons les drapeaux et regardons nous dans le blanc des yeux. Ces socialistes refusent de quitter un navire en perdition qui ne leur correspond plus. C'est pourtant bien ce que font les centristes qui n'ont pas peur de changer de nom tous les 3 ans (UDF, Parti Radical Valoisien, Modem, Nouveau Centre, UDI,...?). L'homme est fier et redoute d'abandonner un parti auquel il croyait. Le centre a compris que le parti n'était qu'un outil. La gauche refuse cela. Seuls les Verts dans une certaine mesure, le NPA (avec le succès qu'on lui connait) et le Parti de Gauche ont tenté de changer l'outil ces dernières années. Il ne s'agit pourtant pas qu'un sauveur fonde le parti creuset, mais bien que toutes les forces de gauche (ses militants) refondent ensemble un une force de gauche. Le PS est désormais boursouflé, rafistolé de toutes parts comme l'est cette République mourrante. Quelles différences entre Marie-Noël Liennemann (PS) et Eric Coquerel (PG)? Quelle différence entre Pascal Durand (EELV) et Corinne Morel-Darleux (PG)? Quelle différence entre Pierre Laurent (PCF) et Jean-Luc Melenchon (PG)? Quelle différence entre les élus nantais du PCF soutenant ND des Landes et Jean-Marc Ayrault?.... des drapeaux, simplement des drapeaux. Faisons nous de la politique pour des drapeaux ou pour une vision de la société?
L'expérience Front de Gauche est une tentative de regrouper ces forces communes, mais elle se heurte à la logique majoritaire de la V° République et le refus de la proportionnelle des deux grandes formations.
Le ciment de ces forces de gauches est le refus de l'orientation productiviste ultralibérale, commune au Front de Gauche, aux écologistes et à une part importante du Parti Socialiste. Alors si nous ne voulons pas attendre le déluge et les aléas institutionnels, utilisons les partis comme ce qu'ils sont, des outils, ne soyons pas fétichistes. Refondons un grand parti de la Gauche française, rassemblant courants socialistes, écologistes et libertaires. Abandonnons le PS, le PCF, le PG, EELV et créons ce que Jean-Louis Borloo fait pour le Centre. Si cela doit être sous l'étiquette Front du Peuple pourquoi pas. Si cela doit être autre chose, dépechons nous. Donnons nous les moyens de changer le monde.