Il fallait la voir pour saisir pleinement l’utilité de ce nouveau dispositif. La blogosphère éducative glose en effet sur une tablette. Nuance : ce n’est pas une tablette mais une ardoise. Le concept de tablette renvoie à un certain nombre d’images préfabriquées et de concepts déjà bien connus. On pense Android, iPad, et le nom choisi par Bic joue sur l’ambiguïté.
Colorée et légère avec un design sympathique et propre à attirer les enfants du primaire, elle bénéficie d’une finition évitant qu’elle glisse trop facilement des mains. Le strict minimum coté connectique et boutons, à savoir un port USB et un interrupteur. La BicTab ne s’encombre pas de fioritures. Ce n’est pas dans son objectif.
Son réel intérêt vient de l’écosystème educatif imaginé autour du dispositif. Elle est en effet accompagnée d’un logiciel permettant la supervision des tablettes, la création et la diffusion de ressources et d’exercices numériques variés. Jusque là, rien de bien nouveau me direz-vous.
Et pourtant… C’est toute la nuance ardoise / tablette qu’il faut se mettre en tête pour bien comprendre la BicTab. Récemment, lors des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre 2012 à Genève, j’avais été interpellé sur la question de l’écriture sur tablettes et il faut bien reconnaître que l’offre était quasi-inexistante. Mes références en la matière remontaient à l’Apple Newton Message Pad et au Sony Clié, respectivement 1993 et 2000. Depuis je n’avais rien vu de véritablement révolutionnaire ou intéressant. Il y a bien le Samsung Galaxy Note et son stylet que j’utilise au quotidien mais il subsiste un léger problème : pour bien écrire, il faut en effet pouvoir poser la main et poser celle-ci sur un écran tactile est impossible. Mon écriture n’étant pas franchement géniale, elle devient déplorable sur le Galaxy Note et je suis le seul à pouvoir relire mes notes, confidentialité garantie. Je me suis amusé à faire la même expérience sur la BicTab, sachant bien qu’avec des enfants il serait difficile de leur dire de tenir la main comme ceci ou comme cela. Miracle : ça marche ! La BicTab ne pousse pas le luxe jusqu’à embellir mon écriture mais elle apparaît normale et il est très facile de manier le stylet.
Le fonctionnement en classe est assez simple. L’enseignant crée les exercices interactifs et les envoie sur les tablettes, chacune identifiée individuellement, cela au travers d’une borne wifi mobile suivant les recommandations de l’Education Nationale. Les ressources numériques créées peuvent être sauvegardées, mais aussi diffusées au format PDF, de même que le travail final de l’élève, qu’il peut évaluer directement avec le logiciel avant l’envoi à l’enseignant. Une option « play » actuellement en développement permettra à terme de rejouer les exercices, ceci offrant par exemple sur un exercice d’écriture la possibilité de revoir et d’analyser le tracé suivi par l’élève. Le travail de ce dernier est mémorisé de manière globale et permet ainsi de suivre son évolution de manière individuelle ou au travers du travail en groupes. Le logiciel de supervision offre une prise en main totale et permet même de mettre les ardoises en pause afin de récupérer l’attention et de se concentrer sur une partie de cours ne nécessitant pas d’activité autre que l’écoute (si on pouvait faire la même chose à la fac, cela me plairaît bien…).
Réactive, robuste, simple d’utilisation, la BicTab a été pour moi une bonne surprise sur le salon Educatec. Mais rappelons-le : il s’agit d’une ardoise numérique, les critiques que j’ai pu lire quant au système fermé par exemple tombant dès lors d’elles-même. Si vous cherchez une tablette type Android ou iPad, la BicTab n’est en effet pas la solution mais elle offre par contre un système éducatif complet, pour l’instant réservé au primaire, mais qui devrait pouvoir trouver des applications dans les niveaux supérieurs. Actuellement vendue par lots sous forme de chariot mobile, elle prendra toute son ampleur associée à un TBI. C’est donc une classe complète, facile à prendre en main, ne nécessitant que peu de maintenance, et surtout amenée à évoluer. Les quelques discussions que j’ai pu avoir avec les professionnels Bic présents sur le stand montrent bien que ce n’est qu’un début et que la BicTab n’en est pas à son stade final.