Chronique : Puscifer – Conditions of My Parole

Puscifer, ou une première barrière à franchir : ses propres a priori. Un nom qui évoque plus facilement un metal gras et chargé en stéréotypes qu’une balade poétique. Et pourtant, rien de tout ça : le groupe de Maynard James Keenan évolue encore une fois dans des contrées différentes de ses autres projets (Tool, A Perfect Circle), preuve que le bonhomme dispose d’une créativité hors norme.

Puscifer, c’est un groupe qui a commencé par quelques sketchs sur HBO (tiens, comme Tenacious D ?), une fiction à laquelle MJK a donné une réelle existence quelques années plus tard. Ce dernier opus en date, Conditions of My Parole (sorti en 2011), fait suite à 5 albums et un EP : une aventure qui remonte à 2007 pour “V” is for Vagina.

Allez, on s’accroche, toujours pas d’a priori. Ces noms un brin provocateurs cachent de véritables perles de rock alternatif (ou rock électro), rappelant parfois brièvement A Perfect Circle sans pour autant partager la même identité, loin de là.

Il Fuscifer ?

La première écoute devrait suffire à faire tomber tous les préjugés, et à rappeler l’immense talent de Keenan : un songwriting qui rend l’album accessible doublé de guests de qualité (avec de vrais morceaux de A Perfect Circle, Primus, Dilinger Escape Plan, Nine Inch Nails et Mars Volta dedans), cela suffirait presque à garantir un album réussi.

On le sait, les dream-team musicales n’accouchent pas toujours des chefs d’oeuvres escomptés : il faut donc aller fouiller un peu plus loin, et s’impregner de l’ambiance générale pour comprendre l’intérêt de cet album. Ca tombe plutôt bien : le titre “Tiny Monsters” est une bonne entrée en matière avec ses nappes de synthé et sa rythmique électro accrocheuse.

Tous les morceaux n’ont pas ce potentiel addictif, mais tous partagent une vraie cohérence, une mélodie pouvant apparaitre même sur les morceaux les plus dépouillés. De « Tumbleweed », qui conclue l’album avec 3 accords de banjo, à « The Green Valley » et son duo avec Carina Round, les titres s’enchainent de façon fluide sans se ressembler.

Des morceaux comme « Toma » ou « Telling Ghosts », plus râpeux, lorgnent plus volontiers du côté d’A Perfect Circle : la batterie réapparait, martiale, plus rock et aggressive. Et tant mieux, cela évite à l’album de tomber dans une mièvrerie un peu trop pop, dans des ballades sans fin. La mélodie reste toujours présente, mais se construit différemment, et c’est là tout le plaisir que l’on peut avoir à écouter cet album.

Avant de conclure, un petit focus sur l’un des titres les plus intéressants selon moi : « Horizons ».
Avec « Tiny Monsters », peut être l’un des morceaux qui vous fera entrer le plus facilement dans l’univers de Puscifer. Une mélodie électro addictive, peut être un peu mélancolique, une ambiance dépouillée laissant toute sa place à Keenan et sa voix : une vraie réussite.

En résumé : pour les fans des autres projets de Keenan, ne vous attendez pas à retrouver à la lettre ce que vous avez déjà entendu. Si Conditions of My Parole lorgne parfois sur A Perfect Circle, il n’approche jamais la complexité et l’univers de Tool. Vous n’aurez cependant aucun mal à aborder ces nouvelles expérimentations : le dernier album en date de Puscifer s’écoute facilement, mais à l’élégance de ne pas s’oublier aussi vite.

Pour les curieux, et ceux pour lesquels APC et Tool n’évoquent pas grand chose : je vous invite à jeter une oreille sans préjugés sur les morceaux « Tiny Monsters », « Horizons » et « Tumbleweed ». N’en attendez rien, mais après quelques écoutes, je doute qu’ils laissent beaucoup d’entre vous indifférents. Il vous restera alors à dire à vos ami(e)s que Puscifer, c’est vraiment sympa, et à leur raconter cette histoire sur les a priori.

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