L’entrée dans l’exposition de Roman Ondák est troublante. En cherchant un peu, on y lit le thème de l’attente. Ne sommes-nous pas nous aussi en train d’attendre, avant de franchir le seuil ?
Dans la deuxième salle, je trouve de quoi jouer : les angles sont tous marqués par un gond, qui ne tournera pas, par un groom, qui ne retiendra rien, par un crochet, qui ne fait que marquer l’angle. Cet humour-là me convient et entre les œuvres exposées je cherche un lien : c’est le trou, la percée, la terre creusée, le siphon. Comme si l’artiste proposait des issues, tout en fixant solidement les angles. Un chemin pour s'échapper du présent?
Et nous poursuivons notre visite : au-delà de la barrière coupée barreau par barreau, nous accédons à une grande salle blanche courbe ; les gardiens proposent d’inscrire notre prénom dans la frise impressionnante des prénoms des visiteurs qui nous ont précédés : nous prenons place dans ce flux qui nous entraîne, et d’autres viendront après nous choisir un emplacement où ils voisineront avec des prénoms d’une grande variété, la toise étant ici la société représentée par une foule dont nul ne pourra dire qu’elle est anonyme.
Dans une dernière salle, cent dessins des proches de Roman Ondák montrent les visions différentes d’une Futuropolis. Nous avons franchi les étapes de l'attente, du présent, avons choisi de participer à un groupe d'hommes et de femmes, et regardons vers l'avenir.
Nous sortons de cet espace plus réjouis que lorsque nous y sommes entrés, avec la sensation d’avoir traversé un lieu commun, un lieu où s’élabore une communauté humaine.