On ne me touche pas ici, c’est ma maman qui me l’a dit

Publié le 15 novembre 2012 par Theworkingmum @theworkingmum1

Il y a des sujets graves qui valent la peine d’être traités plusieurs fois voire d’être rabâchés.

Quand j’ai eu ma fille, je l’ai regardé avec une tendresse et un amour insoupçonnés et encore aujourd’hui heureusement. Je la laisse pourtant faire ses expériences même si parfois elles font mal à nous deux: elle s’est déjà fait mordre, elle a déjà chuté, tombé, mangé trop chaud, eu peur, fait un cauchemar… C’est la vie, c’est comme ça qu’on dit? Elle aura forcément des déceptions que nous parents, nous ne pourrons qu’écouter: peine de cœur, un loupé au permis de conduite… Mais ce n’est pas parce que « c’est la vie » que tout est acceptable, il y a bien une peine que je refuse: les abus sexuels sur les enfants.

C’est un sujet que j’ai lu mardi chez Supers parents - désolée pour ceux qui les lisent également, mon article fait rabâcheur . Cela m’a rappelé qu’une copine dans mon premier job (j’avais alors 18 ans) m’avait dit que sa fille avait eu des attouchements dans sa colonie de vacances. Sympa le souvenir de vacances! Le chiffre est énorme: un enfant sur cinq subiraient des attouchements et « dans 70 à 85 % des cas, l’auteur des violences est quelqu’un que la victime connaît ».

C’était un ami de leur père qui était en colonie de vacances (pour en revenir à l’histoire de ma copine). Il avait demandé successivement aux filles de monter dans le grenier… Heureusement, elles étaient soudées et en ont parlé entre elles (elles devaient avoir environ 10 ans), ce qui a permis ensuite le dialogue avec les parents. On ne pouvait pas mettre en doute leur propos. Et qui a envie de toute façon de mettre en doute! Quand elle m’a raconté cette histoire, l’affaire allait passer au tribunal. Elle m’a raconté ça d’un calme…. C’est fou, je pense qu’un truc pareil arrive à ma fille, c’est son père qui passe au tribunal pour meurtre… Ainsi, pour éviter ton drame familial, le conseil de l’Europe a créée une campagne de sensibilisation pour donner aux parents des outils de dialogue avec leurs enfants sur le thème de la violence sexuelle. Car ce n’est pas en évitant le sujet qu’on évite le danger!

Ces chiffres d’un enfant sur cinq et que les agresseurs soient connus dans la plupart des cas m’ont sidéré à un tel point que j’en ai parlé à super-papa-chéri. Nous n’en avions pas parlé mais quand nous lavons notre fille ou la changeons de couche, nous avons ce même réflexe, cette pensée de « que ressent-elle? ». Parfois, elle serre déjà fort les cuisses et c’est la galère pour changer la couche: est-ce inconscient déjà de se protéger? Quand je vois ces petites fesses dans le bain, oui j’ai envie de les croquer mais non, rien de sexuel, justement, le fait d’avoir ce questionnement me donne un respect pour son corps qui n’est pas le mien, même si je l’ai conçu.

Kiko, le personnage qui aide à parler de ce qu’on a droit de toucher ou pas avec son corps d’enfants

« On ne touche pas ici » a pour objectif de faire comprendre aux enfants que certaines parties sont intimes, qu’elles leur appartiennent, que c’est à eux de dire « oui, tu as la permission de me toucher » et qu’il y a « de bons et de mauvais secrets ainsi que de bons et de mauvais gestes. »

C’est Kiko qui s’y colle dans un livre coloré et au dessin simple, à chaque geste, la main demande où elle peut le toucher. A travers ce livre simple, il faut faire comprendre aux enfants qu’ils ont le droit d’être mal à l’aise, de ne pas avoir envie, de dire non et surtout que tout secret ne doit pas être gardé pour soi. C’est là dessus que les coupables sont forts: intimidation, répression, sentiment de honte chez l’enfant…

J’ai envie que ma fille se sente suffisamment en confiance pour me parler de choses intimes sans que je sois sa confidente pour tout. Elle a le droit à son inimité mais pas exemple j’aimerais que le jour où elle souhaite prendre la pilule par exemple qu’elle sache qu’elle peut m’en parler plutôt que d’aller à un planning familial ou pire… Que sa confiance en moi soit plus forte que sa timidité. En abordant ces sujets, je souhaite faire attention par contre à ne pas créer de tabou sexuel. Je n’ai pas envie que ma fille soit mal à l’aise avec son corps. Il faut savoir faire cette différence par contre « j’ai envie » ou « j’ai pas envie ».

Le conseil de l’Europe a créée le livre téléchargeable, un spot tv et des affiches et cartes postales. Tout ceci à partir de 3 ans.

Comme dit le conseil de l’Europe, on peut éviter cela:
La clé est une bonne communication avec les enfants. Cela suppose un esprit d’ouverture, de la détermination, de la franchise ainsi qu’une atmosphère amicale et rassurante.