Quand j’ai rencontré super-papa-chéri (qui était à l’époque « juste » super-chéri), je lui ai dit « je te préviens, je veux un gosse pour mes 30 ans ». Je suis une vraie sorcière parfois
Tout ça pour dire que j’ai senti que je devais passer un cap ET avec lui. Je ne l’ai pas ressenti au fond de moi, dans mon ventre… Je n’ai pas l’impression d’avoir eu une horloge biologique non plus… Je dirai que c’était plus un pan de ma vie qui avait fait ce qu’elle devait faire.
Working girl est devenue Working mum le 21 mai 2011
A 18 ans, je commençais de longues études en alternance, j’ai travaillé et étudié assez dur, essuyé quelques drames et déceptions qui m’ont forgée petit à petit puis j’ai trouvé LE job dans lequel je me suis épanouie complètement. Il répondait à mes aspirations écologiques et donc c’était plus qu’un travail: une vraie partie de moi. L’accomplissement de soi. J’y suis rentrée à 23 ans. J’étais encore jeune, en demande de faire mes preuves, dans l’attente de validation « oui, c’est bien » etc.
Il était donc impensable de faire un bébé. J’y pensais parfois mais comme ça, comme on dit qu’on va jouer au loto et qu’on oublie jusqu’à ce qu’on sache que la cagnotte a été attribuée. « Flutte » et basta. Je n’aurais pas été assez forte ni assez mure pour dire MERDE, je fais comme je veux. Je me sentais encore enfant à devoir écouter et plaire (halala, le conditionnement…)
Ces 12 années, j’ai pensé à moi, à faire toujours plus et mieux au travail, à découvrir des choses – la navigation, l’équitation western, faire de belles vacances (plusieurs fois dans l’année), sortir jusqu’à pas d’heure et faire des grâces matinées, ne pas cuisiner juste par flemme… J’ai appris à profiter, j’ai appris aussi le sens des responsabilités, qui j’étais, où je voulais aller et comment, à parler en public, à étayer mes propos, à convaincre… Bigre, ça marchait de mieux en mieux.
En une année, celle de mes 30 ans et celle de ma maternité, qu’est-ce que j’ai vieilli! Beaucoup plus qu’en 12 ans j’ai l’impression! Déjà physiquement: cheveux blancs, rides, sentiment de fatigue jamais très loin, difficulté à récupérer d’un seul verre d’alcool (au moins, les cuites coutent moins chères!)… Ensuite, le sens du devoir, du don de soi, de faire toujours plus et mieux… pour quelqu’un d’autre cette fois-ci (parfois, il y a des loupés). Je suis contente d’avoir été mère à 30 ans et pas avant, même si je me dis « Quand ma fille rentrera au CP, bouhh je serais vieille »… Tout un paradoxe, j’ai peur que le temps défile encore plus maintenant… Alors que j’ai envie de profiter de chaque instant, j’aimerais mettre pause tout le temps! Aujourd’hui, je m’assume totalement (même si je ne dis toujours pas assez de MERDE à mon sens) et c’est aussi parce que ma fille est là. Je suis sa mère et je n’ai pas à le prouver. Je vois dans ses yeux que tout va bien et que c’est un peu grâce à son père et moi.
Heureusement, on est deux car j’aime échanger, je reste ouverte bien entendu à toute théorie et astuces mais avec super-papa-chéri on a tendance a être d’accord sans même en parler de l’éducation, on fait bloc de suite contre « ha vous faites le cododo? » et le reste que je vous épargne (qui n’est pas méchant, non du tout, mais tu te sens remise en question un peu quand même)… De quoi m’affirmer encore. J’avais sans doute un problème d’ego ou d’estime de soi? Non, j’irais pas chez le psy!!
Quand je vois des jeunes mamans, j’ai presque envie de leur tirer mon chapeau, si j’en avais un, car c’est un vrai don de soi de faire « jeune » un enfant (je ne dis pas que 30 ans c’est vieux). Je me dis qu’à 30 ans, leur enfant sera quand même assez autonome pour qu’elles pensent aussi à elle, à leur carrière… à plein de choses! Qu’elles seront peut-être encore plus fortes que je ne le suis aujourd’hui. Elles n’ont peut-être pas ce sentiment d’avoir tourné une page comme moi?
Racontez-moi votre déclic!