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Moody’s prend des gants avec la France

Publié le 21 novembre 2012 par Edelit @TransacEDHEC

Moody’s prend des gants pour dégrader la note de la FranceLundi soir Moody’s, l’une des trois principales agences de notation avec Standard & Poor’s et Fitch, dégradait d’un cran la note des obligations de l’Etat français. Auparavant notées AAA, celles-ci ne sont désormais plus considérées que comme AA+, soit la deuxième meilleure note possible. L’agence précise en outre que cette nouvelle notation est accompagnée d’une perspective négative, ce qui laisse entrevoir la possibilité d’une nouvelle dégradation dans les mois à venir.

Une décision longuement réfléchie

Loin d’être une simple coïncidence avec la publication du rapport gallois il y a moins d’une semaine, cette décision devait être prise de longue date. En effet Moody’s avait placé depuis février 2012 la note de la France sous perspective négative et avait annoncé le 23 juillet dernier qu’elle allait réévaluer sa notation. Un traitement de faveur qui tranche singulièrement avec les dégradations brutales qu’ont subies l’Italie et l’Espagne dernièrement.

Pourquoi un tel traitement de faveur ?

Ces égards sont à mettre en perspective avec les difficultés que connaissent aujourd’hui les agences de notation. Accusées de dégrader la note d’Etats à des fins spéculatives, jugées comme partie prenante de la crise des subprimes et même récemment condamnée, dans le cas de Standard & Poor’s, pour « notations trompeuses » par la justice australienne, les agences de notation n’ont pas la côte !

On se souvient du déchaînement médiatique à l’égard de Standard & Poor’s en janvier dernier lorsque cette agence avait également dégradé la note de la France de AAA à AA+. Alors en pleine campagne présidentielle, les candidats et a fortiori le gouvernement ne s’étaient pas privé de fustiger l’amateurisme de l’agence, devenue en quelque heure la plus digne représentante de toutes les abominations financières, le bouc émissaire sur lequel chacun était en droit de se défouler.

On comprend dès lors mieux l’attitude prudente de Moody’s qui a certainement préféré laisser un temps d’adaptation au nouveau gouvernement afin d’éviter toute accusation partisane.

Une dégradation, what else ?

Concrètement cette dégradation ne semble pas affecter à court terme les marchés financiers puisque la bourse de Paris finissait dans le vert mardi. Du côté des obligations françaises aucune envolée n’est à signaler non plus…

So what else me direz-vous ? Un effet d’annonce et rien de plus? Pas tout à fait. Car à y regarder de plus près cette dégradation peut sérieusement embarrasser le gouvernement actuel. Non pas qu’on puisse raisonnablement le rendre responsable de celle-ci, mais parce qu’elle compromet le fonctionnement du FESF (fonds européen de stabilité financière) voir de son successeur le MES (mécanisme européen de stabilité). En effet ce mécanisme permet de venir en aide aux Etats européens qui en font la demande en émettant des titres obligataires garantis AAA sur les marchés financiers. Or les principaux garants de ceux-ci sont respectivement la France et l’Allemagne…

Il sera donc dès lors impossible pour la France de se porter garant de ces titres ce qui, à n’en pas douter, renforcera le pouvoir l’Allemagne au sein de la politique économique européenne.

Il y a donc fort à parier que les principales conséquences de cette dégradation ne seront pas économiques. Elles seront politiques.

Jean-Baptiste Duret


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