Carhaix, en Bretagne. Une maternité paisible. Peu d’accouchements. Mathilde, sage-femme, Firmine, puéricultrice, et Louise, propriétaire du Bowling de Carhaix y vivent, heureuses et amies. Catherine, DRH, y est envoyée pour restructurer l’hôpital et surtout fermer à terme la maternité qui perd de l’argent.
"Bowling" de Marie-Castille Mention-Schaar
Avec : Catherine Frot, Firmine Richard, Mathilde Seigner Sortie le 21 Novemb 2012 Distribué par Pathé Durée : 90 minutes Nombre de : 1 Film classé : Tous publics Le film : Les bonus : |
Bien sûr le titre est explicite, mais le résumé l’est beaucoup moins. De quoi va-t-on parler ? D’une pratique sportive et marginale, magnifiée par « The Big Lebowski » des frères Coen ou d’un conflit social au cœur d’une maternité en voie de fermeture ?
Au générique de fin, c’est un peu des deux dont il est question, mélange des genres préjudiciable à une histoire vraie qui méritait véritablement d’être contée.
Celle des habitants de Carhaix et de ses environs, en lutte pour la sauvegarde de leur maternité. Avec l’intrusion d’une DRH débarquée de Paris et la pratique du bowling en guise de palliatif au malaise général, j’ai très vite pensé à l’excellent film de Mark Herman : « Les Virtuoses » .Le projet de fermeture d’une mine anglaise influe sur le bon fonctionnement de la fanfare locale, dont la plupart des membres sont des mineurs.
Il y a un ton, une réalité sociale palpable et des instants de cinéma qui donnent toute la mesure des enjeux engagés par les différents protagonistes.
Ce que n’a pas su trouver la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar, qui en optant délibérément pour une ambiance plus légère (et pourquoi pas !) délaie son propos dans des décors de cartes postales et des apartés vides de sens. L’inspecteur de l’auto-école, caricatural à souhait, amuse un moment, mais n’apporte rien à l’histoire. Je suppose que Marie-Castille Mention-Schaar avait quelques comptes à régler.
Elle est beaucoup plus pertinente quand elle cerne le profil du directeur de l’hôpital ( Gilles Bataille ) arc bouté sur ses objectifs, au détriment de toute considération économique, sinon humaine. Avec la perte d’emplois, le sort des futurs mamans qui devront accoucher à Brest ou Quimper, devient préoccupant. C’est dit et raconté entre deux portes, une répétition de la chorale à l’église et des parties de bowling qui n’en finissent pas. Elles sont interminables en ce sens qu’elles répètent toujours les mêmes figures, les mêmes plans, contrairement à la manière dont les frères Coen usent de la pratique pour en faire un élément à part entière du scénario.
Ici le bowling n’est qu’un prétexte amusé, amusant, pour l’excellent quatuor de comédiennes, au cœur de l’action. Catherine Frot, Mathilde Seigner, Firmine Richard et Laurence Arne adoptent très vite le ton léger et humoristique d’une réalisation qui par intermittence a des éclairs de génie.
Je pense au face à face avec les CRS (un, deux, trois, soleil) mais surtout à la scène de l’accouchement à domicile, avec le petit frère qui se trouve dans la pièce voisine. La caméra s’attarde sur ce petit bout de chou et le plan est superbe, mais totalement gratuit. Il ne mène à rien. C’est peut-être le gros problème de ce film.
LES SUPPLEMENTS
- Making-of : la véritable histoire de la maternité de Carhaix ( 32 mn )
Un mélange des scènes du tournage, et des commentaires des gens qui ont vécu ces événements. L’émotion est palpable dans leurs souvenirs, surtout quand il leur faut revivre des scènes encore bien présentes. Mais cette fois c’est pour le cinéma.
Christian Troadec, le maire se remémore ainsi le combat « par tous les gens du pays, quel que soit leur âge, même des enfants dans les écoles… Nous sommes des citoyens à part entière, c’était notre message de résistance. »Revoir la scène devant l’hôpital ? « C’était tout à fait ça et une fierté pour notre ville que l’on s’y intéresse, avec des comédiennes très connues ».
« Je voulais leur rendre hommage » dit la réalisatrice que l’on voit avec les gens du cru : un cadre de santé, un restaurateur, une auxiliaire de puériculture, le responsable du bowling de Carhaix….C’est vraiment vivement comme making of et ça se rapproche alors quasiment du reportage.
Comme c’est vraiment bien fait, on redemanderait encore un peu. Une vidéo de l’époque des manifs, pourquoi pas ?
Une bonne crise de fou rire dans la fourgonnette, ou sur les scènes de bowling quand Firmine se « pète » les doigts, donne le ton de l’ambiance qui ne semblait donc pas triste. Après quoi la réalisatrice revient sur le casting, et les personnages les uns après les autres Le coaching sur le bowling, est assez drôle, lui aussi.
- Photos du film – film annonce
En bref
Le film
En n’abordant pas frontalement le vrai sujet du film (la menace de fermeture d’une maternité) la réalisatrice nous entraîne dans une Bretagne de cartes postales, où les clichés ont la vie dure. Un point de vue touristique sur fond de déprime sociale, le mélange à mes yeux ne prend pas
Les bonus
Du tournage au choix des comédiennes, des commentaires des gens de Carhaix sur le film à leurs propres souvenirs, c’est un making of qui ne laisse rien au hasard. Il ne manque que des images d’archives