Ce qui m'a frappé dans son discours devant l'association des maires, c'est davantage le rapprochement qu'il opère entre cette question du mariage pour tous, et le vieux débat (assez récurrent) sur la laïcité. Je le cite: "Les maires sont des représentants de l'Etat. Ils auront, si la loi est votée, à la faire appliquer mais je le dis aussi, vous entendant, des possibilités de délégation. Elles peuvent être élargies et il y a toujours la liberté de conscience. Ma conception de la République vaut pour tous les domaines; et d’une certaine façon, c’est la laïcité, c’est l’égalité. La loi s'applique pour tous dans le respect néanmoins de la liberté de conscience."
Ceux qui fustigent les propos du président de la République oublient ou feignent d'oublier, qu'il a, dès le début de son mandat, rendu un hommage appuyé à la figure de Jules Ferry, le père fondateur de l'école primaire gratuite (loi du 16 juin 1881), obligatoire (de 6 à 13 ans) et laïque (après la loi du 28 mars 1882). Or, Ferry bien que positiviste et anticlérical, avait une approche très modérée de l'application des lois. Par exemple, il demandait à l'instituteur, "hussard noir de la République" dont la mission était de diffuser les devoirs du citoyen, le patriotisme et la morale républicaine, de ne surtout pas brutaliser les enfants élevés dans la religion catholique, mais de faire preuve de tolérance: pour preuve dans son instruction de 1883, il écrit que « le maître devra éviter comme une mauvaise action tout ce qui dans son langage ou dans son attitude blesserait les croyances religieuses des enfants confiés à ses soins, tout ce qui porterait le trouble dans leur esprit, tout ce qui trahirait de sa part envers une opinion quelconque un manque de respect ou de réserve". Il y a donc la loi de la laïcité et le style dans son application.
En réalité, François Hollande nous dit implicitement dans son discours qu'il est à l'instar de Jules Ferry, un libéral, centriste et pragmatique, et que sa méthode consiste à mon sens, à réformer sans brutaliser les acteurs de la société.