Mon nom est David Meulemans. Je suis le concepteur de DraftQuest, un site en ligne qui accompagne ses utilisateurs dans l’écriture de romans – un peu comme un coach peut vous accompagner dans la reprise d’une activité sportive: grâce à DraftQuest, on écrit un peu tous les jours et, progressivement, on renforce sa capacité à écrire. Je demeure, parallèlement à ce projet, le directeur d’une maison d’édition que j’ai créée en 2010, Les Editions Aux forges de Vulcain. Avec les forges, je voulais faire lire aux gens des choses différentes. Avec DraftQuest, je veux faire écrire aux gens des choses différentes.
Avoir lancé ces activités fait de moi, je suppose, un entrepreneur, même si je n’emploie jamais ce titre pour me définir. Pour dire les choses avec honnêteté, je dirais même que la figure de l’entrepreneur est absente de mon imaginaire. Quand j’ai besoin de m’exalter pour retrouver la force d’abattre les tâches que chaque jour amène, je ne pense pas à Steve Jobs ou Mark Zuckerberg, mais à… Spartacus. En effet, Spartacus est pour moi une des figures les plus belles de l’histoire humaine. Il ne dit pas à ceux qui le suivent ce qu’ils doivent faire, mais leur donne des outils pour qu’eux-mêmes s’émancipent. Spartacus est un personnage à la fois très idéaliste (car il vise un monde qui n’existe pas) et très réaliste (il voit les étapes les plus concrètes nécessaires à la réalisation de son idéal). Il ne traite pas son armée comme des subalternes, mais comme des compagnons d’armes. Enfin, ses compagnons sont des hommes, des femmes, des vieillards, et viennent de toutes les nations.
Ma vie ne ressemble pas à celle de Spartacus. Mais j’aime m’inspirer de cette figure pour conserver quelques règles claires qui me sont utiles quand le vent, pour dire les choses de manière imagée, souffle dans le mauvais sens. L’entrepreneur doit à la fois être très idéaliste et très réaliste. Il doit imaginer ce qui n’existe pas et, en même temps, être heureux de faire les tâches les plus simples (de la mise sous pli, par exemple). Ce dualisme peut même être une source de force : l’entrepreneur ne souffre pas de la division du travail – quand il en a assez de l’abstraction, il peut plonger dans le concret – et quand le concret l’étouffe, il doit rêver à son idéal. L’entrepreneur, pour tenir, doit avoir la sagesse, quand l’idéal semble loin, de regarder en arrière, pour voir ce qu’il a déjà accompli – et quand les choses fonctionnent, il doit garder l’habitude de regarder son idéal, pour mesurer tout le chemin qui reste à faire. Cet exercice de sagesse peut l’amener à plus de liberté, en le détachant, à la fois, de l’espoir et de la peur, qui peuvent le paralyser et l’épuiser. A l’espoir, je préfère l’enthousiasme – et à la peur, le réalisme.
En fait, se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, c’est se lancer dans une course de très longue haleine. La ligne d’arrivée est loin, la ligne de départ l’est aussi. Autant prendre plaisir dans la sensation de courir, dans le sentiment que chaque foulée est un gain.