La France devrait s'inspirer de l'exemple suisse

Publié le 20 novembre 2012 par Copeau @Contrepoints

L'Agefi nous offre deux bons articles sur l'exemple suisse que la France devrait suivre si elle veut sortir de son marasme.

À découvrir sur le site de l'Agefi, en cliquant ici. Extraits :

Monsieur Hollande,
Faites-nous au moins l’honneur d’une visite. Les Suisses aiment partager leurs expériences.

La France a détruit 750.000 emplois en dix ans. La Suisse en a créé 500.000 (en bonne partie assumés par des immigrés, expatriés et frontaliers français).

Contrairement aux clichés sur la Suisse, le secteur financier pèse moins de 15% dans le PIB. Les activités industrielles (productives de biens, sans les services) emploient plus de 20% de la population active (surtout à l’export).

Les caissières des supermarchés sont en Suisse les mieux payées du monde.

Le redressement productif ne se décrète pas. Il vient d’en bas: investisseurs privés, entrepreneurs, salariés, indépendants.

Il est favorisé par les libertés économiques, la fiscalité, le souci de compresser les dépenses publiques (50% du PIB en France, 30% seulement en Suisse).

Les produits du travail et du capital captés par le fisc pour être transformés en salaires de fonctionnaires, rentes et missions publiques de confort ont tendance à affaiblir l’économie et ses capacités de redistribution.

Les couleurs politiques ont peu d’importance. C’est un état d’esprit.

La Suisse a toujours eu intérêt à ce que la France se porte le mieux possible.

Le second article est un éditorial de François Schaller, rédacteur en chef de l'Agefi. Extraits :

Quelques jours après son élection en mai dernier, François Hollande déclinait sèchement une invitation du gouvernement suisse. Se rendre à Berlin aussitôt élu fait partie des  devoirs rituels des nouveaux présidents. Se rendre en Suisse lors d’un premier quinquennat, ce serait une grave faute de goût. Le Front national ne donne-t-il pas régulièrement le système politique suisse en exemple? Avec ses référendums et initiatives populaires capables de faire interdire la construction de minarets? Décrédibiliser la Suisse fait partie des exutoires récurrents dans la vie politique française. En réaction et à titre  préventif: il ne faudrait pas que les Français se mettent à rêver d’un régime qui leur donnerait un autre pouvoir que celui d’élire des carriéristes formatés pour régner, s’opposer, diviser, alimenter la défiance entre riches et pauvres, entre  citoyens de gauche, de droite, modérés, extrêmes ou simplement désabusés.

Il n’est pas souhaitable en France que les Français s’intéressent davantage à un petit pays urbain et multiculturel parvenant à intégrer discrètement un nombre record d’étrangers de toutes conditions, dont l’industrie figure au top de la compétitivité mondiale, avec un chômage structurel très faible, des salaires de bas d’échelle qui pourraient finir par faire envie. La Suisse a en plus l’impudence de vouloir  rester à l’écart de l’Europe franco-allemande en construction. Ce n’est pas raisonnable. Un mauvais signal pour toutes sortes de petites nations susceptibles de se lasser un jour de cette superpuissance consciente de sa force potentielle, dépositaire autoproclamée d’une mission civilisatrice et pacificatrice sur le continent et dans le monde.

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Vue de Suisse, la France semble être devenue le haut lieu d’un  archaïsme politique insurmontable: il y a l’Etat, l’Etat est au-dessus de tout, rien ne peut se faire sans lui. Il incarne la rationalité (l’ordre), l’intérêt supposé général par opposition aux intérêts privés et particuliers dont la somme ne représente qu’un chaos dérisoire. Cette conception du monde, qui fut en gros celle des siècles d’avant les révolutions bourgeoises d’Angleterre et de France, s’oppose à l’idée très suisse qu’il n’y a rien de réel ni de rationnel au-delà des individus, de leurs motivations, de leurs réalisations personnelles et collectives. Dans la perspective libérale qui a permis de sortir des anciens régimes de noblesse et d’église, la créativité, le travail, l’organisation, l’efficacité durable, la prospérité viennent d’en bas. Pas d’en haut.

Il s’agit bien entendu d’une typologie. La bonne mesure combine bottom up et top down, elle est foncièrement instable, l’équilibre varie selon les époques et passe par des remises en cause et confrontations politiques profondes et permanentes. Ce qui a manqué à la France, ce qu’il lui manque encore, c’est la possibilité culturelle de réaliser ce que le Royaume- Uni, les Etats-Unis, la Nouvelle- Zélande travailliste ont fait à partir des années 1980, les pays scandinaves socio-démocrates ou la Suisse dans les années 1990: reconnaître que l’Etat, qui a regagné du terrain au cours du XXe siècle pour des raisons évidentes et légitimes, s’est finalement boursouflé. Dans les pays latins d’Europe, dont la France est en quelque sorte chef de file, le citoyen actif, créatif sur le plan économique, semble être retourné dans un état inquiétant de dépendance, de soumission, de découragement. Il ne fait plus guère confiance en l’Etat et ne voit pas vraiment émerger d’alternative, comme en témoigne la fuite des talents, des compétences, des capitaux (vers la Suisse en particulier). Les mesures destinées à relancer l’industrie, annoncées récemment par le gouvernement français, paraissent très éloignées de ce qui pourrait provoquer un vrai choc de compétitivité. Elles ressemblent à des opérations techniques. Le rapport Gallois dont elles sont censées s’inspirer vient d’un énarque, serviteur émérite de l’Etat. Pourquoi n’avoir pas sollicité des entrepreneurs? Pourquoi la politique veut-elle tout garder sous contrôle?

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Il y a surtout une chose qu’il ne faut jamais oublier: en démocratie, la responsabilité du peuple est indivisible. Si la France se retrouve aujourd’hui dans cet état, ce ne peut être que la faute du corps électoral dans son ensemble. Il ne peut se défausser ni sur les dirigeants de l’économie, ni sur la classe politique. S’il veut virer tout le monde et faire la révolution, eh bien qu’il la fasse. Il reste quelques chances qu’elle soit enfin libérale. Sinon tant pis pour la France et les Français.

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Articles trouvés grâce à Pierre Chappaz (son blog)