En investissant dans des startups, les fonds financiers des grands groupes se familiarisent non seulement avec les technologies innovantes des startups. Mais aussi avec leurs nouveaux modèles économiques.
Eric Naudin, consultant senior chez Erdyn. © Erdyn
Moins connu que le capital-risque (VC : Venture Capital), le capital-risque d’entreprise (CVC :Corporate Venture Capital) écrase le champignon. Selon Reuters, Google vient ainsi de s’arroger la première place mondiale en décidant d’augmenter l’enveloppe de Google Ventures, de 200 à 300 millions de dollars par an ! Objectif : investir de 250 000 dollars en amorçage dans une cinquantaine de startups et jusqu’à 10 millions de dollars pour une dizaine d’autres startups. A côté de cela, les montants peuvent aller de 20 à 50 millions dollars pour une ou deux sociétés par an. Moins avancée que les États-Unis, la France n’a pas à rougir.
Des fonds importants. Parmi les pionniers du capital-risque d’entreprise, citons Total avec Total Energy Ventures créé en 2004, SFR Développement (2007). Ou la SNCF qui, en 2008, a mis sur pieds Eco-Mobilité Partenaires, un fonds de 15 millions d’euros dédié à l’écomobilité. De son côté, Seb a doté en 2011 Seb Alliance d’un capital initial de 30 millions d’euros. Pour sa part, Suez Environnement a lancé en 2010 Blue Orange (50 millions d’euros sur 10 ans) pour cibler des startups qui innovent dans l’eau et les déchets. Veolia Environnement n’est pas en reste avec Veolia Innovation Accelerator (2010) également dans les Clean Tech. D’autres CVCs se montent en sociétés communes (JV : Joint Venture). A l’instar d’Exchange Capital (La Poste, Alten, Neopost, AGF, Cofinoga, GMF, CDC…) dans les activités connexes aux métiers postaux. Ou d’Aster Capital (Schneider Electric, Alstom, Rhodia) qui, après Aster I (70 millions d’euros), s’apprêterait à créer Aster II à hauteur de 120 à 150 millions pour couvrir la chaîne de valeur complète des startups de l’énergie, des matériaux avancés et de l’environnement. Une manne pour les startups.
Intérêts réciproques. Contrairement aux VCs classiques, les CVCs n’ont pas toujours une motivation purement financière. « L’objectif n’est pas non plus de racheter la startup car toutes ses activités n’intéressent pas forcément l’investisseur », explique Eric Naudin, consultant senior chez Erdyn, un grand cabinet de conseil en innovation. « En revanche, non seulement les CVCs se familiarisent avec des technologies innovantes qui commencent à faire leurs preuves sur des marchés qui les intéressent. Mais ils bénéficient aussi de leur retour d’expérience en matière de nouveaux modèles économiques, en avant-première et sans investir directement. » Finalement, ce type de stratégie d’innovation est assez rentable. Côté startups, les CVCs ne sont pas qu’une manne financière. « A l’instar des Business Angels, ils offrent des conseils et une certaine aide au développement commercial, notamment à l’international », poursuit Eric Naudin. « Voire des synergies et des recommandations qui peuvent faire gagner énormément de temps aux jeunes sociétés innovantes. »
© Erick Haehnsen
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