Dans le premier épisode de « Le cannabis, et si on en parlait vraiment ? », Jean François Hauteville abordait la question du cannabis. Aujourd’hui, il se penche sur les effets de la substance qui provoque aujourd’hui tant de débats.
Les consommateurs de cannabis recherchent principalement l’effet euphorisant du produit, la convivialité et les modifications de la conscience, (que l’on développera plus bas) : ils apprécient également les effets antistress, relaxant et l’aide apportée pour trouver le sommeil.
Jean-François Hauteville est infirmier en Centre Hospitalier à Lyon et a suivi de nombreuses formations dans l’addictologie, notamment en alcoologie, toxicomanie, jeux pathologiques et troubles compulsifs alimentaires.
Il existe d’autres effets qui sont :
- une diminution de l’anxiété
- une sensation d’ivresse avec une altération des réflexes, de la vigilance et des perceptions visuelles augmentant particulièrement les risques d’accidents de la route, (majorés s’il est mélangé à l’alcool).
- une désinhibition qui peut entraîner des actes agressifs envers soi-même ou les autres et pouvant mener à des conduites à risques comme des rapports sexuels non protégés.
- une moindre performance de la mémoire et de la concentration, rendant difficiles, entres autres, les apprentissages scolaires
- une stimulation de l’appétit, surtout pour les produits sucrés.
Suivant les personnes et parfois, au cours d’une consommation importante, il peut déclencher des sentiments très angoissants, l’impression d’être suivi, épié…, ce que les consommateurs appellent « crise de parano » ou « bad trip ». Ces effets « négatifs » sont rarement prévisibles et s’estompent progressivement.
Il provoque ce qu’on appelle dans notre jargon un syndrome amotivationnel, qui est une perte d’intérêt généralisée : le fumeur n’a envie de rien faire, pouvant rester sans activité pendant plusieurs heures.
Par contre, il présente des intérêts thérapeutiques réels : diminution des douleurs, des nausées, des vomissements, que certains pays, (Suisse, Finlande…), utilisent sous forme de gélules. Son rôle dans l’apparition de maladies psychiatriques comme la schizophrénie fait encore débat. Le nombre de ces pathologies n’a pas augmenté en 20 ans, contrairement au nombre de fumeurs de cannabis : cela laisserait plutôt à penser qu’il déclenche des schizophrénies qui seraient apparues tôt ou tard chez l’individu. Par contre, il a un impact important dans la stabilisation de ces maladies avec des rechutes fréquentes, une moindre efficacité des traitements…
Il y a ensuite les répercussions sur la santé physique qui restent très importantes et qui sont surtout liées aux effets nocifs de la fumée de cannabis mélangée à celle du tabac, dont les plus courants sont :
- cancer de la bouche, des bronches, des poumons…
- toxicité cardiovasculaire; infarctus, accidents vasculaires cérébraux (AVC)
- insuffisance respiratoire chronique
- diminution de la fertilité masculine
- risque chez la femme enceinte de bébé prématuré, de petite taille…
Dans la troisième et dernière chronique sur le cannabis, on abordera la question de la dépendance au cannabis, qui fait également débat.
Jean-François Hauteville.