67000 milliards de dollars… incontrôlables

Publié le 20 novembre 2012 par Edelit @TransacEDHEC

Le Conseil de Stabilité Financière nous rapporte que le secteur des banques « de l’ombre » représente près de 30% du système financier mondial. Et pourtant celles-ci ne sont pas soumises aux mêmes règles que leurs homologues.

Le secteur des banques « de l’ombre », ou « shadow banking », correspond à l’ensemble des intermédiaires financiers non-bancaires, soit l’équivalent des banques de marchés sans régulation et sans supervision. Il s’agit principalement des fonds d’investissements, fonds monétaires et fonds de titrisation, lesquels proposent des services similaires à ceux des banques traditionnelles, mais ne peuvent accepter de dépôt bancaire. L’intérêt pour ce type d’investissement : des rémunérations intéressantes et peu de contraintes légales, mais bien entendu des risques plus élevés.

On devine facilement que plus le législateur contraint et surveille l’activité des banques traditionnelles à travers des projets de lois ou des taxes, plus la finance de l’ombre a le vent en poupe. En effet, ce type de financement est passé de 26000 milliards de dollars en 2002, à 67000  milliards de dollars (52500 milliards d’euros) en 2012, dont 34% pour les Etats-Unis, 33% pour la zone euro et 13,5% pour le Royaume-Uni. Bien que cette finance puisse faire concurrence à l’activité de nos veilles banques de dépôt, ces dernières sont en fait fortement liées au « shadow banking », qui leur offre un peu de répits en attendant l’application des nouvelles lois et taxes encadrant toujours plus leur activité.

Ce secteur présente certes peu de transparence tout en ayant une taille critique, mais surtout c’est un secteur qui permet de financer l’économie en fournissant aux marchés les liquidités nécessaires. Au-delà du rôle de ces banques, ce qui pose réellement problème est leur implication, à travers une titrisation effrénée de produits pourris, dans la crise des « subprimes » en 2007 et la crise financière qui s’en est suivie. De cette crise le « shadow banking » s’en est très bien sorti, mais à atteindre des sommets toujours plus hauts, ce secteur pourrait provoquer sa propre crise d’ici 2015 ou 2020, laquelle serait bien visible dans la planète finance « hors ombre ». Mais une telle crise est d’autant plus inquiétante lorsque l’on considère que ces banques d’un nouveau genre représentent à elles seules 33,5 fois le PIB français !

Bien que les différents Etats du G20 se penchent sur le problème afin de régulariser et superviser les activités de ces banques d’un autre genre, le secteur a encore largement le temps de grimper quelques sommets.

João TAVARES DE ALMEIDA